Extraits d'un texte de Elena Tchoudinova

Auteure de "La mosquée Notre-Dame de Paris"

"Quand on ne voit plus dans une cathédrale qu'un monument d'architecture, c'est qu'on n'est plus prêt à mourir pour elle. Et, en fin de compte, alors on perd aussi le monument d'architecture."

On peut ne pas être d'accord avec Elena Tchoudinova pour dire que le christianisme serait la seule vraie religion, et toutefois reconnaitre que son diagnostic est juste : en fin de compte, on perd aussi le monument d'architecture ...

Extrait d'un texte de Elena Tchoudinova à propos de son roman :

Ce livre est l'oeuvre d'une chrétienne, d'une chrétienne peut-être mauvaise, mais, en tout cas, pas complètement ignare. C'est ce qui explique la raideur de sa position, laquelle me vaudra sans aucun doute plus d'un reproche. Pour certains d'entre eux, je me hâte de renvoyer à l'Ecriture Sainte. Il y est dit nettement et résolument que le christianisme et la seule vraie religion et que tous les dieux des païens sont des démons119.
L'Europe, où se situe l'action de mon roman, s'est largement autorisée, durant le siècle passé, à remettre en question et l'Ecriture Sainte et les Pères de l'Eglise en prétendant que toutes les religions sont des soeurs, qu'elles conduisent toutes au salut, chacune par sa voie particulière. Parfait, ont déclaré lesdites religions nouvellement promues à la dignité de soeurs, accorde nous les mêmes droits que toi, petite soeur Eglise chrétienne, démontre par les faits ton respect des droits de l'homme
Et tout s'est passé comme dans le conte du renard : « Laisse-moi juste poser la patte sur le seuil de ta porte, laisse-moi passer dans l'entrée, laisse-moi m'asseoir à table, laisse-moi monter dans la soupente, allez, vide les lieux, idiote ! ».
Et l'idiote, de nos jours, c'est notre civilisation chrétienne. Cette idiote qui s'est fourré dans son crâne de trop brave fille l'idée d'égalité. En fait, la nature a horreur du vide. Si vous cédez du terrain, il y aura toujours quelqu'un pour l'occuper immédiatement. L'islam, c'est un jeune coucou installé dans le nid de l'Europe et qui prend des forces de jour en jour. De l'interdiction d'afficher ostensiblement son appartenance au christianisme à la proclamation de la primauté de l'islam, il n'y a qu'un pas.
Mon livre parle du choc des civilisations dont les prémices sont puisées dans l'actualité et l'image projetée dans l'avenir. Il est très important de souligner que, lorsqu'on parle de l'affrontement entre civilisations chrétienne et musulmane, les croyants chrétiens ne sont pas les seuls concernés. Oriana Fallaci, qui se déclare athée, rappelle que tous les Européens, croyants ou non, sont détenteurs des fruits de la civilisation chrétienne. L'architecture, la peinture, la littérature, la science, toutes ces richesses dont nous avons l'habitude de disposer sont nées dans le sein du christianisme. C'est cette réalité que l'on tente aujourd'hui de nous contester. Dans le texte de la Constitution européenne sera exclue la mention des racines chrétiennes de la civilisation du continent. Or, la civilisation européenne mourra dès qu'on la détachera de ses racines chrétiennes.
Il suffira que l'on nous débarrasse de nos oripeaux orientaux, et nous passerons ce cap, continuant à vivre pleinement, à penser et à créer nourris du seul héritage de notre mère l'église. Ainsi raisonne l'athée.
Le choc des civilisations dépasse le conflit de la foi chrétienne avec la musulmane. Il est plus vaste et, en même temps, plus restreint.
C'est précisément ce dont les athées n'ont pas conscience. Quand on ne voit plus dans une cathédrale qu'un monument d'architecture, c'est qu'on n'est plus prêt à mourir pour elle. Et, en fin de compte, alors on perd aussi le monument d'architecture. La figure solitaire d'Oriana Fallaci est une exception à cette règle. Elle, c'est sûr, n'a pas peur de mourir la première pour cette richesse architecturale, mais des gens comme elle, on ne les compte même pas sur les doigts d'une seule main Le compte s'arrête là où il commence, au chiffre un.
Nous ne sauverons rien sans la foi au Christ, strictement rien.
Mais je parle de l'Europe, et nous, alors, en Russie ? La Russie appartient par sa culture à l'Europe, pour la simple raison qu'elle se nourrit des mêmes racines chrétiennes. Tant que ces racines n'ont pas été éradiquées, nous restons aussi l'Europe.
Chez nous, actuellement tout est différent, la situation pour le moment est plutôt meilleure. Notre renard n'est encore que dans l'entrée. J'entends d'ici un chœur de réprobations : comment pouvez-vous dire cela ?! En Europe, les musulmans ont afflué de l'extérieur au XXe siècle, alors qu'en Russie cela fait des siècles qu'ils coexistent avec les chrétiens. Est-ce que je ne m'apprêterais pas à déclarer les musulmans citoyens de deuxième zone ?
Nullement. Je veux que l'on comprenne la distinction entre loi civile et prédication religieuse. Et je considère que la seconde n'a pas à se soumettre aux interdits de la première. Nous devons tout de même tirer les leçons des erreurs commises en Europe occidentale.
Ni en Europe, ni chez nous, les musulmans, dans leur grande majorité, ne jugent notre religion égale en vérité à la leur. Leurs idéologues extrémistes trouvent commode que nous les considérions comme des frères alors qu'ils nous considèrent comme des kafir (infidèles) afm que nous nous taisions tandis qu'ils prêchent.
Je ne nie absolument pas que parmi les musulmans se trouvent beaucoup, et même des multitudes, de braves et bonnes gens. Mais tenons nous en à la logique élémentaire. Quelle est l'attitude la plus raisonnable : admettre qu'un brave homme fait fausse route, ou tenir des erreurs pour vérité sous prétexte qu'un brave homme les partage ?
Si l'on préfère la deuxième position, alors soyons conséquents. Appelons génie de tous les temps et parangon de vertu le camarade Djougachvili : des centaines de milliers de braves gens n'étaient-ils pas de cet avis ? Déclarons fils illustre du peuple allemand Adolphe Schickelgruber, le massacreur des juifs : des talents aussi reconnus que Leny Rifenstah ou l'auteur de La femme sans ombre n'ont-ils pas mérité notre admiration ? Si l'on répond oui, alors je n'ai plus qu'à me taire. Si l'on n'est pas d'accord, c'est que la première attitude est la bonne.
Pour moi personnellement, la frontière est simple : il n'y a pas eu de bons tchékistes, il n'y a pas eu de bons compagnons de Boudionnyï, il n'y a pas eu de bons S.S, il n'y a pas eu de bons fonctionnaires des camps de concentration de quelque côté du front qu'ils se trouvent, parce que les égarements des personnes énumérées sont souillés de sang et d'atrocités. Mais combien plus nombreux sont ceux qui partageaient leurs erreurs sans les avoir scellées dans le sang innocent. On ne peut pas dire qu'on n'ait rien à leur reprocher, mais un homme qui n'a pas fait couler le sang pour complaire au diable peut valoir bien plus que ses propres idées. Je range dans cette catégorie des millions de musulmans qui vivent de nos jours. Ils ne sont pas non plus innocents comme des agneaux, ils paient le zakat, l'impôt islamique qui alimente le terrorisme. Mais ils ne sont pas des assassins.
Que puis-je faire avec ces gens, moi qui les regarde du haut de mon clocher intransigeant ? Une seule chose : m'efforcer de tirer ces braves gens de leur erreur qui, par surcroît, menace de faire périr leur âme. Le choeur des libéraux : mais qui êtes-vous donc pour décider qui détient la vérité et qui s'égare dans le mensonge ?! Mais est-ce de mon opinion personnelle qu'il s'agit ? C'est l'opinion unanime des saints Pères de l'Eglise, et moi, je ne suis rien dans tout ça.
Je propose de priver le libéralisme de la parole. Il a déjà perdu l'Europe de demain que l'islam lui disputait, il s'est laissé plumer, comme un nouveau riche en goguette, qui gaspille au casino jusqu'à son dernier sou. Mais revenons à la question vitale : que faire avec les musulmans qui ne sont ni moudjahiddin, ni terroristes, ni talibans ?
La réponse est simple et se ramène à un seul mot : apostolat.
Nous devons coexister pacifiquement avec les fidèles musulmans sur leurs territoires historiques, mais nous devons un jour ou l'autre commencer à corriger l'erreur commise par l'Empire russe, erreur qu'il avait reçue en héritage de l'Empire romain
Mais, tandis que nous commençons à peine à sortir de notre apathie, sans aller jusqu'à l'action, demeurant toujours au stade d'en concevoir la nécessité, l'autre partie, représentée par des musulmans pas spécialement reluisants, avance déjà ses pions avec fièvre dans l'autre sens. Sont créées des organisations spéciales pour convertir les Russes à l'islam. Bien des membres secrets de ces organisations occupent des postes d'influence dans notre société, ce que déclare avec une franchise stupéfiante monsieur Djemal dans une interview sur laquelle je reviendrai. Cela signifie, que restant Russes en apparence, ces personnes, agissant soi-disant de leur propre chef, sont en réalité des agents du prosélytisme islamique.

Elena Tchoudinova, octobre 2004.