L'europe meurt ... la preuve - ou : " pourquoi l'islam ne devient il pas modéré ? "

A la suite de mon article dans Riposte laique, Nadia Geerts s'offusque de ce qui serait selon elle une "caricature" de ses propos ... voici son courrier à Riposte laique et ma réponse. En fait, son incompréhension même de ma critique, prouve bien à quel niveau tombe la pensée actuelle, du moins, la pensée "wishfull" actuelle ( wishfull en français : qui prend ses désirs pour la réalité).

Mon article :
http://www.ripostelaique.com/L-Europe-meurt-de-la-fin-des.html

Son courrier à riposte laique :
Réponse à Elisseievna, qui ridiculise mon point de vue

Dans votre dernière livraison, Elisseievna ridiculise en le caricaturant grossièrement mon point de vue, énoncé dans un article récent ( http://nadiageerts.over-blog.com/article-35749388.html ) sur la compatibilité entre islam et démocratie. Ce que j’y dis est pourtant simple à comprendre : dès lors que tous les textes religieux contiennent des horreurs, l’esprit des Lumières consiste donc à lire le texte religieux à la lumière de la raison, pour contextualiser ce qui doit l’être, voire entreprendre une démarche d’historicisation dudit texte. Cela implique d’accepter que tout ce qui est écrit, en l’occurrence dans le Coran, n’est pas nécessairement exact ni universellement valable.

Mais soit... Cet article ne rompt hélas guère avec une tradition de RL qui consiste à refuser d’accorder la moindre chance à un islam des Lumières. La ligne éditoriale, clairement, consiste à récuser la distinction entre islam et islamisme, sans voir (et c’est ce que j’essaie de montrer dans l’article que vous ridiculisez) qu’ainsi, vous ne laissez guère le choix aux musulmans de France et d’ailleurs : endosser le rôle de "mauvais" nécessairement islamistes quoi qu’ils en disent, ou sortir de leur religion. A ce demander si le but que vous poursuivez est vraiment la laïcité, qui, à mon sens, s’accommode très bien de la croyance religieuse, quelle qu’elle soit, pour peu qu’elle accepte d’être privatisée, et en aucun cas politisée.

A coup sûr, ce n’est pas un mieux vivre ensemble que vous préparez avec de tels articles, mais une radicalisation réciproque.

Un mot pour conclure : je suis, à vous lire, "défenseuse des droits des femmes et lesbiennes s’il vous plait, le summum de l’avancée idéologique sans doute". J’avoue ma perplexité : je suis certes une défenseuse des droits des femmes, mais je n’ai jamais défendu spécifiquement les lesbiennes, dont la "cause" m’est ni plus ni moins sympathique que celle des homosexuels mâles.

Nadia Geerts

REPONSE D’ELISSEIEVNA A NADIA GEERTS

En quoi consiste d’après Nadia Geerts la "caricature grossière" de son point de vue dans mes propos ? Elle écrit dans son article « Je ne suis pas théologienne, loin s’en faut. Mais .. » : mais quoi ? La bonne méthode rationaliste serait d’arrêter là, de se faire théologienne/juriste de l’islam avant de dire quoi que ce soit sur ce sujet. Selon quelle logique peut on affirmer « je ne connais rien à telle doctrine, je suis incapable de définir tel concept » mais je peux vous dire quelles seront les conséquences de l’utilisation d’un concept ou de l’application d’une doctrine ? La logique floue, élastique … ? « Mais … » : mais après avoir posé son ignorance, Nadia Geert poursuit et prétend pouvoir critiquer certains points de vue sur l’islam tout en disant qu’elle ne l’a pas étudié. « Je ne sais rien mais je dirais tout » : voilà la pure et simple description de sa méthode. Elle ne connait rien à l’islam mais elle va nous parler de « l’islam », de « l’islamisme » et de l’ « islam des lumières ». Voyons le résultat de sa méthode.

Nadia Geert affirme « l’esprit des Lumières … Cela implique d’accepter que tout ce qui est écrit, en l’occurrence dans le Coran, n’est pas nécessairement exact ni universellement valable. ». Si Nadia Geert connaissait un minimum l’islam et ses textes, elle saurait qu’accepter cela, pour un musulman sincère, est précisément un abominable sacrilège et un crime, puisque c’est dire que la parole même de Dieu, le « Saint Coran », rédigé presque entièrement à la première personne, n’est ni exacte ni universellement valable. Un tel blasphème vaudrait apostasie, peine de mort et d’enfer. Tout musulman croyant sincère qui s’entendrait donner un tel conseil, penserait que l’on se fiche de lui. De même en s’entendant dire que sa " croyance religieuse" devrait " accepte[r] d’être privatisée, et en aucun cas politisée."

Alors puisque Nadia Geert se permet de faire leçon de morale et procès d’intention, je lui répondrai de même : en vérité, à voir le peu de sérieux qu’elle (et tous les intellos qui appliquent la même méthode qu’elle) met à étudier la doctrine de base d’un milliard de personnes, suscitant la quasi-totalité des conflits et persécutions du monde contemporain, on peut effectivement en déduire qu’ils se contrefichent éperdument, à la fois des musulmans et de toutes les victimes de persécutions au nom de l’islam.

Nadia Geert a une drôle vision de la méthode, mais aussi de la pratique. Elle nous accuse de « refuser d’accorder la moindre chance à un islam des Lumières » : répondons lui simplement : de l’impossible nul n’est coupable. Personne ne pourrait empêcher un milliard de personnes sur 57 Etats souverains, d’appliquer dans les faits une théorie qui serait ce fameux "islam des lumières". Personne ne peut empêcher les musulmans de trouver un islam des lumières, ni les communistes de trouver un communisme à visage humain, et de prouver leur existence réelle en l’appliquant dans les faits dans tous leurs Etats. S’ils l’avaient fait, tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes. S’ils ne l’ont pas fait, c’est que la bonne vieille logique de la lecture des textes de l’islam ne l’a pas permis, ou (inclusif) qu’ils ne veulent pas assez eux-mêmes sortir de cette bonne vieille logique, et non parce que quelque mécréant dit ici ou ailleurs son scepticisme sur la possibilité d’y parvenir.

Elisseievna

PS :

Pascal Hilout fait un article très clair pour expliquer l'illogisme des propos de Nadia Geerts,
il parle de " faillite de la pensée philosophique ",
il explique que " on ne peut pas poser une équation du genre « judaïsme = ce que Spinoza, Maïmonide, Sitruk etc. en font ». Cela revient à prendre une pensée philosophique, ou plutôt des pensées philosophiques pour une religion : des lanternes pour une vessie. La pensée de Mme Geerts est donc embrouillée elle est faite d’amalgame, elle manque de discernement linguistique, logique et conceptuel... J’espère que Mme Geerts comprendra que sa formule suppose, du point de vue théorique, l’existence d’un noyau primordial auquel les premiers musulmans adhèrent et puis en font ce qu’ils en font. Ce noyau incontournable et primordial, de ce qu’on appelle ISLAM, n’est rien d’autre que le coran et Mahomet. Pas d’islam sans le coran. Sans Mahomet pas d’islam. Avec le coran ET Mahomet, l’aventure historique des musulmans peut commencer en tenant compte du fait qu’ils n’ont surtout pas la liberté d’en faire ce qu’ils veulent. Il ne leur reste donc qu’à louvoyer et à déambuler autour du noyau dur en attendant qu’une tête brûlée ose leur expliquer qu’il y a des issues par le haut afin d’échapper à leur prison volontaire et qu’ils peuvent en sortir, sans la démolir : ils peuvent la garder intacte comme symbole de leur histoire, constituée d’une Bastille aussi vaste que le monde musulman... J’espère que Mme Geerts et mes amis/contradicteurs arriveront à comprendre qu’à travers l’espace et le temps, toute génération de musulmans se nourrit d’abord du texte coranique et de l’exemple de Mahomet, toujours présenté comme étant exemplaire. A côté de cela chaque état, chaque communauté, chaque tribu, chaque famille et chaque individu a aussi ses héritages particuliers qui nuancent sa compréhension et sa pratique de l’islam, sans jamais avoir le droit de critiquer ouvertement le noyau dur de l’islam primordial. Les musulmans n’ont jamais fait ouvertement la critique de leur religion : la première édition critique du coran est en train d’être écrite non pas à la Mecque, non pas au Caire ou en Indonésie, mais à ... Berlin, sous la houlette de philologues allemands !",
il dit qu'il faudrait demander à propos de l'islam à ses actuels laudateurs : " Interpréter et contextualiser c’est bien, mais critiquer c’est pour la Saint Glinglin ? "
Il écrit aussi : "je fais une nette distinction entre islam et musulmans. Je considère la dignité humaine comme sacrée, mais pas les religions et surtout pas l’islam, qui n’a que peu de respect pour la dignité humaine." : evidemment !

PS 2 :

Nadia Geerts m'accuse d'etre une autre personne qui soutiendrait Alexandre Delvalle et Paul Landau et de Villiers et la royauté ... alors que mon blog serait différent : voilà encore une preuve de son manque de sérieux, la preuve qu'elle ne sait tout simplement pas lire, car il suffit de lire mon blog pour voir que j'y parle de Alexandre Delvalle (qui soutient Nasreen lui !), http://elisseievna.blogspot.com/2009/10/taslima-nasreen-nouvelle-interview-par.html , de Villiers ( http://elisseievna.blogspot.com/2008/08/alain-griotteray-rsistant-lire-le-coran.html) (qui lui est fier de son pere résistant et qui a caché des juifs), du royalisme ( en France http://elisseievna.blogspot.com/2009/07/charles-v-le-sage-1338-1380.html , http://elisseievna.blogspot.com/2009/11/2012-le-president-francais-sera.html, comme en Iran http://elisseievna.blogspot.com/2008/03/pourim-21-mars-2008.html ) Montesquieu en parlait aussi, c'est bien la preuve qu'il était fasciste, c'est bien cela Nadia ?....), par ailleurs ce que j'ai écrit de Landau figure sur le site de Libertyvox http://www.libertyvox.com/phpBB/viewtopic.php?f=5&t=1774&start=675 et se reférait à cet article de lui http://www.ripostelaique.com/Pourquoi-je-soutiens-Riposte.html.
La vérité est tout simplement que Nadia Geerts n'a aucun argument de fond à m'opposer (ni à Pascal Hilout non plus), et qu'il ne lui reste plus qu'à tenter de me discréditer.

A part l'aspect tout simplement Vichyssois et puant de l'attaque, qui rapproche ces dames des pires collabos dénonciateurs de juifs et de résistants - et de juifs résistants, rappelons qu'ils furent nombreux ! - , il apparait que le probleme de méthode de Nadia Geerts est le même que celui de Caroline Fourest : à défaut de savoir ou vouloir lire, on accuse tel ou telle de double langage là alors que tout est écrit pour qui veut vraiment honnêtement s'informer.

Il est notamment particulierement stupide d'accuser les musulmans militants d'avoir un double langage (comme d'accuser les musulmans d'un complot quelconque), alors qu'ils passent leur temps à expliquer partout ce qu'ils prônent et que ce qu'ils prônent est pour l'essentiel en toutes lettres dans les textes sacrés et publics de l'islam ( les ouvrages de Tariq Ramadan sont limpides ...)
La "taqya", la dissimulation autorisée pour des raisons tactiques existe ( l'islam autorisant la guerre et ses méthodes pour la cause divine, il autorise bien sur parmi ses méthodes le mensonge - voir le hadith dans lequel Mahomet autorise ceux qu'il envoie assassiner un opposant à lui dire qu'ils sont eux memes adversaires de Mahomet), mais elle n'est pas une excuse à la paresse ou la malhonneteté de la part d'intellectuels occidentaux, dès lors que les musulmans oulémas ou militants disent eux dans de très nombreux ouvrages, très honnêtement ce qu'ils croient et pourquoi.

Nadia Geerts a un certain talent comique. Elle s’affirme féministe (http://nadiageerts.over-blog.com/article-6361749.html ), mais elle s’insurge quand je l’appelle ( ce qui pourtant pour moi est à priori laudatif ) défenseuse des droits des lesbiennes : que n’ai-je dis là, elle défenseuse des droits des lesbiennes, mais jamais !!! En effet, explique-t-elle : « , je ne me définis pas comme une défendresse des droits ….spécifiquement des lesbiennes, ce qui pour moi n'aurait aucun sens: ma conception de l'humanisme s'accommode mal, en effet, de toute distinction essentialisante en fonction du sexe. Pour résumer ma position, je dirais que pour moi, un homo ou une lesbienne, ce sont des êtres humains, point à la ligne. ».
Ben enfin Nadia, alors comment pouvez vous vous définir comme féministe, c'est-à-dire comme défenseuse des droits spécifiquement des femmes ? Si votre « conception de l’humanisme s’accomode mal de toute distinction en fonction du sexe », alors un homme ou une femme, « ce sont des êtres humains, point à la ligne » ...
Décidément, Nadia Geerts a un léger problème avec la logique.
Outre qu’elle voit de l’essenc-ialisme partout, y compris dans la description d’une idéologie (par exemple l’islam), réalité ou objet qui, je l’ai expliqué par ailleurs ( http://elisseievna.blogspot.com/2007/07/essentialisme-et-islamophobie-mme.html) , a pourtant bien un contenu défini, une « essence », et réalité ou objet qui est distincte et de nature différente des êtres humains vivants – que l’on ne doit en effet, eux, pas « essentialiser »-. Bon, quand on a un tel problème avec l’essence, il n’y a qu’une solution : passer au diesel.

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