" Apprendre à découvrir que l'amour entre deux êtres du même sexe, leur fidélité dans leur engagement, peuvent passer par d'autres voies que les nôtres, et qui sont à respecter...
L'amour du Seigneur pour toutes ses créatures...
Une autre dimension de l'amour."
5 oct. 2015
Témoignage d'une mère d'un enfant homosexuel, lors de la Conférence-débat "Vox populi, vox Dei ?"
organisée par la Conférence Catholique des Baptisé-e-s Francophones (CCBF)
au Centre Sèvres - Facultés Jésuites à Paris
organisée par la Conférence Catholique des Baptisé-e-s Francophones (CCBF)
au Centre Sèvres - Facultés Jésuites à Paris
Mary Lou Wallner tells the story about her daughter Anna Louise
Quand la bêtise détruit et pousse à la mort.
apprendre à lire la bible est urgent ...
«Les couples de garçons n’existent pas…»
Jérémy Patinier, journaliste et éditeur.
J'ai vu un reportage sur les
filles noires qui essaient de se blanchir, ça m'a rendu triste. J'ai pensé :
envie de disparaître.
Et puis j'ai vu un reportage
sur les filles (de toutes les couleurs) qui mettent des pantalons pour ne pas
se faire traiter de salope.
J'ai pensé: envie d'être
discrète.
J'ai vu deux garçons se frôler
de la main dans le métro, sans se regarder, le visage dans le même smartphone.
J'ai pensé: envie d'être
invisibles.
À chaque fois, ils et elles ont
choisi de parler moins fort, de se taire, ou de se fondre dans le décor.
J'ai vu des kilomètres de queue
devant certains clubs gays mais aucun duo main dans la main.
Même les très virils qui n'ont
peur de rien.
Encore moins les folles qu'on
dévisage.
D'ailleurs, j'en vois jamais
des duos de garçons se tenir la main. Dehors. Dans la vraie vie.
Seulement dans le club. Au cœur
du troupeau, invisibles parmi la communauté.
En dehors, ça existe les vrais
couples, faut pas déconner. Mais à part les couples imaginaires d'un certain
artiste, où certains couples de fiction, même dans Voici,
ils se tiennent pas la main les VIP gays. Placard de verre.
Point de main dans la main,
encore moins de bisou.
Point d'amour. Point de PDA en
tout cas. Démonstration publique d'affection. L'homosexualité est partout,
disent-ils, alors qu'elle n'est nulle part dans la vraie vie.
Ah si, on les voit dans les
infos sur Yagg partagées sur facebook: couple agressé rue machin. Ils se
tenaient la main.
Là oui. Là tu trembles.
Je me souviens avoir vu un
couple de garçons s'embrasser devant chez moi il y a quelques mois. On n'aurait
su dire s'ils venaient de se dire je t'aime ou d'avoir un plan cul sous
substances chimiques mais là n'était pas la question. Visuellement c'était un
couple. Deux beaux garçons qui s'embrassaient. Et se tenaient la main.
Je voyais bien les gens les
regarder. Je n'ai pas pu faire autrement que d'avoir le réflexe de rester en
embuscade. Pour les regarder s'aimer déjà, et puis, on ne sait jamais. Réflexe en
miroir.
Superman de chez Lidl. Eux ils
osent. WAOUHHHH.
Beaucoup passent leur chemin.
Un vieil homme s'arrête interloqué. Et vient leur dire que ça ne se fait pas
évidemment. Comme il aurait dit à une jeune fille que ça ne se fait pas, sa
jupe courte, peut-être.
Parce que les couples de
garçons qui ne se tiennent la main dans la rue n'existent pas. De filles non
plus.
C'était Roswell pour lui,
l'infamie, l'inexistant, la poussière sous le tapis en retour de bourrasque, un
nuage de pollen dans sa gueule d'asthmatique.
Ah non les enfants ça ne se
fait pas de NE PAS avoir honte.
Ah non mes petits salopiaux ça
ne se fait pas de s'en foutre.
Ah non bande de dégénérés vous
n'allez pas vous montrer en plus de réclamer vos droits.
C'était certainement son
premier couple gay, à papy.
C'était bien l'un des rares que
j'ai vu moi-même, alors que j'ai le radar branché sur un rayon plus puissant
que Grindr...
Moi-même, je l'ai rarement
fait. Mes amoureux ne voulaient pas, souvent. Moi j'ai besoin de toucher en
permanence, c'est un peu un problème mais je travaille là dessus. C'est aussi
un témoignage à l'autre que je le désire en dehors de notre lit, à des moments
inattendus, dans la banalité des courses chez Monoprix.
Mais pas partout. J'ai des
réflexes classiques et racistes dans mes peurs de démonstrations d'affection.
Nous en sommes arrivés là.
C'est la dernière étape. On tient l'une de notre dernières revendications en
flambeau: c'est la main de nos amoureux. Nous ne sommes pas que des identités.
Nos amours ne sont pas que des cours d'assises. Nos baisers ne sont pas que
clandestins. Nos histoires ne sont pas obscènes. Nos amants ne sont pas des
fugitifs. Nos envies ne sont pas illégales. Nos mains ne sont pas sales. Nos
cœurs ne sont pas complets parce que l'on y a instillé la peur. A la place de
la fierté, même de nos amours.
Une à une, les femmes ont
résisté pour s'habiller comme elles veulent. Résistent ou résisteront.
Les filles noires portent des
boules afro libérées.
Un par une, les personnes
discriminées pour leurs couleurs de peau ont pris des places dans les bus, ont
été élues présidentEs et ont (été) présentéE (comme) leurs conjointEs à leurs
famille d'une "autre couleur".
Ils se sont tenus main dans la
main vers les autels, vers les couchers de soleil, vers les rayons liquide
vaisselle des supermarchés.
Mais les couples de garçons qui
ne se tiennent la main dans la rue, on n'en voit pas. De filles non plus.
Maintenant que je suis très
amoureux, je vais enfin me lancer. Comme à Tel Aviv ou à Mexico où ça ne pose
pas de problème... Je vais me lancer ici, chez moi, enfin, je veux dire,
dehors...
Parce que je l'aime partout.
Parce que sa main je ne veux
pas la quitter. On a trop attendu pour ça. On s'est trop longtemps cherchés.
Parce que je n'ai pas à avoir
honte de lui, ni de moi, encore moins de nous.
Je sais que vous serez en
embuscade.
Et au moins j'aurais été sur
Yagg avant qu'il ne m'arrive quelque chose.
Les filles noires portent des
afro libérées.
Les hétéros ne se gênent pas.
Notre amour n'est pas imaginaire.
Notre couple encore moins.
Notre couple existe, nos mains
existent, notre amour existe.
Ne cachons pas notre bonheur,
mon amour.
On étouffe dans ce placard de
verre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire