A ceux qui veulent lire Anne-Marie Delcambre, j’indique la bibliographie suivante :
« Méthode d’arabe linguaphone » 1979
« Mahomet, la parole d’Allah » Gallimard, Découvertes, 1987
« L’islam » La Découverte 1990
« Mahomet » Desclée de Brouwer 2003
« Enquêtes sur l’islam » ouvrage collectif avec notamment Joseph Bosshard, Roger Arnaldez, Edouard-Marie Gallez.., Desclée de Brouwer 2004
Pour lire ses conférences à l’association historique Clio :
https://www.clio.fr/espace_culturel/anne_marie_delcambre.asp
Pour rendre hommage en vérité à la mémoire
d’Anne-Marie Delcambre, je rappellerai une fois encore, ( comme je l’ai écrit
dans mon article « Birnbaum,
Arkoun, Delcambre et les munâfiqûn »
http://www.bvoltaire.fr/eliseelisseievna/birnbaum-arkoun-delcambre-munafiqun,240117
) ceci : « Depuis quelques années, elle qui avait passé
toute sa vie avec des musulmans, savants ou jeunes élèves, ne voulait plus
s’exprimer car elle était horrifiée par certaines récupérations : elle ne
voulait pas que ses écrits sur l’islam soient utilisés contre les
musulmans. »
Dans cet article je racontais la discussion que j’avais eu
avec elle, au sujet d’une forme de corruption intellectuelle :
« Néanmoins, elle expliquait que Mohammed Arkoun ne
disait pas en public ce qu’il disait en privé. « Il n’y a qu’un seul
islam […] à facettes multiples » et non pas un « islam éclairé » et un « islamisme idéologie
politique et guerrière », écrivait Anne-Marie Delcambre.
Mohammed Arkoun en était bien d’accord… en privé. « Vous savez, me disait-elle,
compréhensive, il ne pouvait parler ainsi en public. » « Il a menti par
carriérisme, il aurait pu démissionner pour ne pas mentir ! »,
fis-je. « Oui, mais… »,
répondit-elle, toujours émue par la mémoire de son confrère et aîné, issu d’un
milieu pauvre, puis devenu grand érudit. »
Anne-Marie Delcambre tenait beaucoup à la dénomination
d’ « orientaliste » car, au contraire du mot
« islamologue », « orientaliste » valorise et concerne la
CIVILISATION entière des pays sous loi musulmane, or c’est cette civilisation
qui avait attiré et passionné la jeune Anne-Marie Delcambre.
Dans son livre « Soufi ou Mufti : quel avenir pour l’islam ? » ( Desclée de Brouwer 2007) Anne-Marie Delcambre indique un de mes articles :
« Or vient de paraître, dans l’indifférence générale ( c’est une internaute, Elisseievna, qui a attiré l’attention sur l’importance de ce livre. Elle montre la taqya (dissimulation) que recèlent les propos), un livre de Taha Jabir Al-Alwany, Introduction au statut des minorités. Vers un fiqh des minorités musulmanes en Occident, édité en France en 2007. Ce professeur, titulaire d’un doctorat obtenu à Al-Azhar, enseignant les « Usul al-fiqh » (Sources du droit musulman) à l’université de Riyad, prône le respect de la loi du pays d’émigration. Mais à la fin du petit livret, un chapitre est intitulé « Leçons à tirer de l’émigration vers l’Abyssinie » :
« Nous avons prié Dieu d’aider le Négus à vaincre ses rivaux et à affirmer sa loi sur le pays. La conséquence logique de cette relation fut qu’un jour le Négus embrassa la religion islamique. »
Dans ce livre, les musulmans sont incités à devenir des citoyens du pays d’accueil, à y respecter la loi du pays, et même à y prendre des responsabilités politiques, en vue d’application « les buts finaux » de l’islam. Où est la taqiya (dissimulation de la vérité, pratiquée d’abord par les chiites) dans ces propos ?
Les émigrés musulmans ont réussi parce qu’ils ont effectivement aidé le Négus. Et finalement le Négus s’est converti à l’islam ! Selon lui, si les musulmans sont assez habiles, ils peuvent faire de l’Europe, un jour lointain, une terre d’islam.
Alors, comme se le demande Elisseivna, Taha Jabir Al-Alwany est il un théoricien de l’ islam ou de l’islamisme ?
Sa pensée est certes proche de la pensée des Frères musulmans. Mais c’est la voie du juste milieu qui est prônée. Le « fiqh des minorités » est effectivement très loin de l’application maximale du fiqh (…) »
Dans la préface de cet ouvrage, Daniel Pipes, docteur en histoire islamique médiévale (Université de Harvard), descendant de juifs russes, fils de l’historien de la Russie Richard Pipes, écrivait :
Préface à A.-M. Delcambre, «Soufi ou mufti?»
par Daniel Pipes
Soufi ou mufti? Quel avenir pour l'islam?
novembre 2007
Soufi ou mufti? Quel avenir pour l'islam?
novembre 2007
Anne-Marie Delcambre
Soufi ou mufti? Quel avenir pour l'islam?
Desclée de Brouwer, novembre 2007, 21,00
http://www.amazon.fr/Soufi-mufti-Quel-avenir-lislam/dp/222005859X
En anglais: http://www.danielpipes.org/5137/preface
Avec la «guerre contre le terrorisme», l'essor de l'islam radical et la présence d'une minorité musulmane vigoureuse et revendicative dans l'ensemble du monde occidental, la bonne compréhension de l'islam est devenue une priorité pour quiconque se soucie de sécurité, de politique, de culture ou simplement de l'avenir de la civilisation occidentale.
Il faut donc que les discussions sur Mahomet, le Coran, l'islam, l'islamisme et les questions qui s'y rapportent, puissent se dérouler dans un cadre aussi large et ouvert que possible. La liberté d'expression est indispensable à un tel débat. Quiconque disposant d'informations ou d'idées sur ces thèmes doit se savoir en droit de les exprimer et de les voir diffusées dans une mesure raisonnable. Comme je l'écrivais lors d'une controverse qui agitait les États-Unis en 2005, «à un moment où les institutions se montrent si timorées, voire trompeuses, il est d'autant plus important qu'aucun élément ne soit exclu du débat et qu'aucune sanction ne vienne décourager ceux qui souhaitent s'exprimer.
Dans un contexte dominé par le politiquement correct –un problème qui affecte tant la France que l'Occident en général –,je saisis avec plaisir l'occasion qui m'est donnée de témoigner de toute mon admiration pour les travaux d'Anne-Marie Delcambre, dont l'évolution fournit une contribution plus décisive encore à notre compréhension de l'Islam. Le présent ouvrage, « Soufi ou mufti ? », enrichit cette uvre d'un examen systématique de concepts et d'usages islamiques fondamentaux qui met clairement en lumière leurs caractéristiques essentielles.
Anne-Marie Delcambre et moi avons des visions assez proches de la nature du problème, à une importante exception près. Elle n'établit aucune distinction entre islam et islamisme, alors que cette différence me paraît évidente. Sa démarche est exposée de manière détaillée dans les pages suivantes. La mienne, en résumé, consiste à présenter l'islamisme comme une manifestation spécifique, moderne et extrémiste de l'islam. Contrairement à elle, j'insiste sur les changements intervenant au cours du temps. Les musulmans n'ont pas toujours été aussi agressifs qu'aujourd'hui et, en se tournant vers l'avenir, on voit que la crise actuelle ne prendra fin que si une forme modérée d'islam vient remplacer la version virulente qui prédomine en ce moment.
En termes politiques, cela suppose que les gouvernements occidentaux fassent la différence entre l'islamisme et l'islam modéré, qu'ils répriment l'un et favorisent l'autre. Je conseille vivement aux lecteurs de se forger leur propre interprétation de cet aspect en abordant cet ouvrage.
Cela dit, la divergence de vues entre Anne-Marie Delcambre et moi importe moins que notre accord sur la nécessité de lutter contre une idéologie brutale et dangereuse afin de protéger notre style de vie. Cela constitue la grande bataille de notre temps. Elle et moi sommes dans le même camp et j'espère que vous, chère lectrice, cher lecteur, nous y rejoindrez.
Daniel Pipes
Philadelphie, Pennsylvanie, Etats-Unis, aoùt 2007
Traduit de l'américain par Alain Jean-Mairet.
Desclée de Brouwer, novembre 2007, 21,00
http://www.amazon.fr/Soufi-mufti-Quel-avenir-lislam/dp/222005859X
En anglais: http://www.danielpipes.org/5137/preface
Avec la «guerre contre le terrorisme», l'essor de l'islam radical et la présence d'une minorité musulmane vigoureuse et revendicative dans l'ensemble du monde occidental, la bonne compréhension de l'islam est devenue une priorité pour quiconque se soucie de sécurité, de politique, de culture ou simplement de l'avenir de la civilisation occidentale.
Il faut donc que les discussions sur Mahomet, le Coran, l'islam, l'islamisme et les questions qui s'y rapportent, puissent se dérouler dans un cadre aussi large et ouvert que possible. La liberté d'expression est indispensable à un tel débat. Quiconque disposant d'informations ou d'idées sur ces thèmes doit se savoir en droit de les exprimer et de les voir diffusées dans une mesure raisonnable. Comme je l'écrivais lors d'une controverse qui agitait les États-Unis en 2005, «à un moment où les institutions se montrent si timorées, voire trompeuses, il est d'autant plus important qu'aucun élément ne soit exclu du débat et qu'aucune sanction ne vienne décourager ceux qui souhaitent s'exprimer.
Dans un contexte dominé par le politiquement correct –un problème qui affecte tant la France que l'Occident en général –,je saisis avec plaisir l'occasion qui m'est donnée de témoigner de toute mon admiration pour les travaux d'Anne-Marie Delcambre, dont l'évolution fournit une contribution plus décisive encore à notre compréhension de l'Islam. Le présent ouvrage, « Soufi ou mufti ? », enrichit cette uvre d'un examen systématique de concepts et d'usages islamiques fondamentaux qui met clairement en lumière leurs caractéristiques essentielles.
Anne-Marie Delcambre et moi avons des visions assez proches de la nature du problème, à une importante exception près. Elle n'établit aucune distinction entre islam et islamisme, alors que cette différence me paraît évidente. Sa démarche est exposée de manière détaillée dans les pages suivantes. La mienne, en résumé, consiste à présenter l'islamisme comme une manifestation spécifique, moderne et extrémiste de l'islam. Contrairement à elle, j'insiste sur les changements intervenant au cours du temps. Les musulmans n'ont pas toujours été aussi agressifs qu'aujourd'hui et, en se tournant vers l'avenir, on voit que la crise actuelle ne prendra fin que si une forme modérée d'islam vient remplacer la version virulente qui prédomine en ce moment.
En termes politiques, cela suppose que les gouvernements occidentaux fassent la différence entre l'islamisme et l'islam modéré, qu'ils répriment l'un et favorisent l'autre. Je conseille vivement aux lecteurs de se forger leur propre interprétation de cet aspect en abordant cet ouvrage.
Cela dit, la divergence de vues entre Anne-Marie Delcambre et moi importe moins que notre accord sur la nécessité de lutter contre une idéologie brutale et dangereuse afin de protéger notre style de vie. Cela constitue la grande bataille de notre temps. Elle et moi sommes dans le même camp et j'espère que vous, chère lectrice, cher lecteur, nous y rejoindrez.
Daniel Pipes
Philadelphie, Pennsylvanie, Etats-Unis, aoùt 2007
Traduit de l'américain par Alain Jean-Mairet.
Daniel Pipes « raccourcit » quelque peu le point de vue d’Anne-Marie
Delcambre, qui, à côté de sa description de la loi et jurisprudence islamique,
« en essence », avait aussi consacré un ouvrage à
« l’histoire » et la « géographie » de la pensée islamique,
dans un ouvrage que son éditeur avait titré,
« La schizophrénie de l’islam », où elle décrit justement,
pays par pays, « les » islams :
Dans son avant-propos elle présente ainsi son champs d’étude :
« L’islam de Mahomet, l’islam d’Arabie se trouva rapidement, du fait
des conquêtes, « transplanté » dans des régions qui avaient déjà une
religion, une civilisation souvent ancienne et parfois prestigieuse »
« Les vainqueurs arabes n’allaient-ils pas être conquis culturuellement
par les vaincus non-arabes ? L’islam bédouin, loin de craindre les
emprunts, allait au contraire les encourager … »
« C’est là que réside la schizophrénie dans toute son ampleur. Le
non-musulman remarque immédiatement que l’islam semble prendre un visage
différent, selon que l’on se trouve en Asie, en Afrique ou en Europe. Il
n’hésitera pas à parler d’un islam iranien, d’un islam turc, d’un islam
berbère, d’un islam africain, d’un islam américain, d’un islam européen.
Pourtant les pieux musulmans de toutes ces sociétés sont convaincus de
pratiquer le même islam … »
Qui voit juste ? … Réponse dans
son livre …
Anne-Marie Delcambre faisait une analyse très sévère et décapante des discours trompeurs des uns et des autres sur l'islam : ( cf site Libertyvox)
« Certains intellectuels juifs de gauche,
obsédés par les problèmes qui leur paraissent , A EUX, essentiels font une
analyse totalement fausse de l'islam. Leur seule vigilance un peu paranoïaque,
c'est le racisme et l'antisémitisme de LA DROITE. De la seule droite.
Vraiment ce sont eux, souvent, qui bloquent des analyses qui pourraient ouvrir les yeux de tous.
Ah mais non, il ne faut pas qu'on fasse aux pauvres musulmans, aujourd'hui en France, ce qu'on nous a fait hier , nous les juifs.
Vraiment ce sont eux, souvent, qui bloquent des analyses qui pourraient ouvrir les yeux de tous.
Ah mais non, il ne faut pas qu'on fasse aux pauvres musulmans, aujourd'hui en France, ce qu'on nous a fait hier , nous les juifs.
Et les
chrétiens larmoyants , accablés sous le poids d'une culpabilité écrasante , mea
culpa répété 1000 fois, n'osent rien dire, de peur d'être accusés par
l'alliance islamo-judéo-gauchiste. Et tout le monde ferme sa gueule par
trouille.
Sur ce forum quand il y a eu un hackage avec un texte
anti-sioniste, immédiatement des centaines de mails sont partis , envoyés par G.,un
sioniste de gauche (?), pour déconsidérer et traîner dans la boue notre site.
Et cela je ne l'ai pas oublié. Parce que ce monsieur vit avec ses obsessions :
l'antisémitisme supposé "essentialiste" des gens non juifs de droite.
Le problème c'est que dans cette affaire , vous êtes
bien, Elisseievna , une des rares à être HONNÊTE ET SINCERE. Les autres veulent
rêver l'islam.
( … ) . Intérêt ? Je répondrai : Oui ! (
…) Cela permet de bénéficier de la
générosité des musulmans !
Ces gens là ne veulent pas comprendre car leur
problème psychologique qu'ils entretiennent et qui les fait " jouir"
c'est de cheminer avec l'islam contre ces "reîtres" , ces soudards
chrétiens, ces " beaufs" de la France profonde qu'ils détestent
cordialement. Souvenez-vous comme le dénommé G. a sursauté , comme piqué par
une guêpe, quand j'ai simplement dit " je suis une islamologue normande
" ! mais si quelqu'un avait dit "je suis une islamologue kabyle"
, il n'aurait rien dit.
Une partie de
la France de gauche ..et de droite, est malade, chère Elisseievna, et vraiment
ces gens ne m'intéressent pas. Qu'ils restent dans leurs fantasmes. Je pense
qu'ils ne veulent pas comprendre parce qu'il leur faudrait reconnaître qu'il y
a un aspect violent dans les textes de l'islam . Cela ils ne le veulent
absolument pas.
Regardez l'attitude de D. qui ne voit pas la violence
de l'islam en Israël mais qui se reconnaît dans le regard de l'enfant
palestinien martyrisé. Elle ne se reconnaîtrait pas dans le regard de l'enfant
breton, ou de l'enfant normand , fils de bourgeois. Celui-là il peut bien
crever, pour elle. »
Anne-Marie Delcambre s’indignait encore :
« Je n'aurais pas l'idée,moi, de parler de la
Thora sans connaître l'hébreu , pas plus que d'analyser la common law sans
connaître l'anglais !
Pour avoir voulu inscrire une thèse de doctorat en
droit, en droit musulman , à la fin de mes études de droit, le regretté
professeur de droit Berger-Vachon m'a dit " Apprenez d'abord l'arabe car
sinon vous serez comme moi qui depuis trente ans s'aggripe désespérément aux
livres de seconde main et est ridiculisé par ses étudiants parce qu'il ne peut
leur répondre sur le terrain linguistique."
(…) Et à cause de ce professeur de droit j'ai fait un
immense détour par l'arabe. Mais je n'ai pas dit parler arabe - cela ne sert
pas- mais au moins lire et comprendre l'arabe écrit. En ce qui me concerne ,
comment croirai-je quelqu'un qui ne sait même pas déchiffrer l'alphabet arabe
et qui se pose en spécialiste de l'islam.
Mais bon sang quel mépris cela traduit que de vouloir
juger et combattre une culture en ignorant sa langue. Autrefois on exigeait
même la connaissance de l'arabe , du turc et du persan. »
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