On prête à
Churchill (L’homme d’État britannique, jamais avare de quolibets
dévastateurs, à pourtant récusé avoir prononcé une telle phrase) le bon mot
suivant : An empty taxi arrived at
10 Downing Street, and when the door was opened Attlee got out. Avouons-le sans ambages, l’auteur aurait pu adapter la
formule au fantôme qui s’est installé au palais de l’Élysée en mai 2012. Cependant,
Éric Zemmour est bien davantage qu’un polémiste. C’est fort heureux car l’essayiste
signe ici, non pas l’acte d’accusation contre un apparatchik du PS élu septième
président de la Ve République, presque par hasard, et incapable
d’être un homme d’État, mais une réflexion passionnante. Défions-nous de considérer
ce livre comme le coq de la fable (Jean de La
Fontaine, Livre premier, Le Coq et la perle, fable XX) agit avec la perle.
L’écrivain
d’origine berbère, amoureux de la France, est un passionné d’Histoire. Il
essaye de comprendre ce qui s’est passé depuis que le Général n’est plus aux
affaires. Le titre est trompeur car le médiocre Hollande, s’il est exécuté en quelques sentences assassines –
« Mitterrand le petit » (p. 85), « mini Blum » (p. 499) ou
« Nos deux derniers présidents de la République commettent à l’oral plus
de fautes de grammaire qu’un écolier des années 50. » (p. 460) – n’est pas
le sujet principal de l’opus. Celui-ci est annoncé par le bandeau de couverture :
« Chroniques de la guerre de civilisations ». Il s’agit de 295
chroniques diffusées sur RTL, de janvier 2013 à juillet 2016. Un peu plus du
quart d’entre elles (79 en tout) sont consacrées à ce que le chercheur
américain en science politique, Samuel Hutington,
avait baptisé, sans aucun esprit de polémique, « The Clash of Civilizations ».
Éric Zemmour n’est pas le seul à considérer que la
troisième religion abrahamique pose un immense défi à la France. En revanche,
il est l’un des rares intellectuels à expliquer, concrètement, comment, en se
fondant sur une lecture littéraliste du Coran, des extrémistes musulmans
envisagent le monde et leurs rapports avec l’Autre. Tel est d’ailleurs l’objet
des trente-six pages d’introduction du livre où le lecteur est instruit sur une
religion prétendant tout régenter dans la société. En effet dans cette optique,
l’islam est envisagé comme un projet politique. On comprend pourquoi une
interprétation littérale de la lettre coranique est possible (c’est même celle
qui est majoritairement défendue par les religieux musulmans) et comment
celle-ci conduit à l’extrême violence que nous déplorons.
L’écrivain
est aussi l’un des seuls penseurs, en dehors du cercle restreint des
spécialistes de l’islam, à mentionner l’école m’utazilite (« المعتزلة ») laquelle, apparue au viiie
siècle, parvint à établir sous le califat abbaside une tentative
d’interprétation rationnelle de la foi avant d’être interdite par le calife al-Mutawwakil
(821-861 المتوكل), en 848. Rappelons-le, ce fut, précisément, à
cette époque que la culture musulmane innova éminemment dans tous les domaines
qui font honneur à l’Esprit.
Éric Zemmour a toujours affiché une vision tragique de l’Histoire, d’où –
sans doute – son pessimisme à l’endroit de l’islam. Les faits lui donnent
actuellement raison, toutefois il n’est pas interdit d’espérer un jour la
renaissance d’une des plus brillantes civilisations de l’humanité.
Enfin,
signalons qu’Un quinquennat pour rien,
propose à l’Occident de changer sa politique vis-à-vis de la Russie de Poutine. A-t-il raison ? Vaste
débat !
Winston Belmonte
Un quinquennat
pour rien
Éric Zemmour
Albin Michel, septembre 2016, 539 pages, 22,90
€
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