Marianne Cohn : dédicace spéciale


Dédicace spéciale à

Claudie Lesselier
Françoise Picq
Nadja Ringart
( il  me parait aujourd'hui que Nadia s'est probablement fait embiboner dans les grandes largeurs par celle qui l'a convaincue de témoigner, raison de plus pour lui rappeler combien il faut dans certaines circonstances - telles que les circonstances actuelles ou l'apologie d'Hitler et la haine mortelle des juifs revient ICI -,  songer aux gens qui ont besoin d'etre protégés, avant de faire confiance sans RIEN vérifier)
Catherine Deudon
Gilles Clavreuil
Bernard Schalcha
Liliane Kandel
Fiammetta Venner
Caroline Fourest
qui savent parfaitement ce qu'ils et elles font.




« Je trahirai demain »

Je trahirai demain pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,
Je ne trahirai pas.
Vous ne savez pas le bout de mon courage.
Moi je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.
Vous avez aux pieds des chaussures
Avec des clous.
Je trahirai demain, pas aujourd’hui,
Demain.
Il me faut la nuit pour me résoudre,
Il ne faut pas moins d’une nuit
Pour renier, pour abjurer, pour trahir.
Pour renier mes amis,
Pour abjurer le pain et le vin,
Pour trahir la vie,
Pour mourir.
Je trahirai demain, pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime est pour mon poignet.
Aujourd’hui je n’ai rien à dire,
Je trahirai demain.
Marianne Cohn, « Je trahirai demain », 1943.
Repris dans Pierre Seghers, La résistance et ses poètes : France, 1940-1945, Paris, Éditions Seghers, 1974.
© Éditions Seghers, 1974.

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