Quand un parent constate qu'un enfant a été victime de violence, il peut être joué par des manipulateurs qui se masquent sous la fonction de "thérapeute".
L'Eglise a-t-elle été jouée par Tony Anatrella ?
C'est l'impression qui ressort du témoignage d'un abbé, victime d'un prêtre dans sa jeunesse.
La violence subie ne l'a nullement détourné de sa foi, ni de sa vocation. Mais bien sur la souffrance demeure. Et le voilà à nouveau victime, cette fois d'un évèque voulant bien faire et l'aider, mais abusé par la confiance en Tony Anatrella, au point de ne pas voir l'évidence : il est contraire à toute la déontologie des psychologues d'imposer une thérapie ou un thérapeute ...
Jean-Paul II n'a pas eu le temps certainement d'étudier lui-même l'homosexualité, problème qui l'interessait, comme en témoigne Soeur Ross, il a cru bien faire en nommant "consulteur" un des rares qui se proposait ...
Mais ceci confirme mon hypothèse : l'Eglise néglige par trop la question de l'homosexualité, sans quoi, elle aurait parmi elle d'autres chercheurs et ne pourrait pas se laisser aussi facilement berner.
Ce témoignage montre aussi
combien les personnes qui se trouvent face à des victimes, sont souvent démunies, malgré toute l'intelligence qu'elles peuvent avoir ...
« Pourquoi chez ce thérapeute-là ? »
DELEPIERRE,FREDERIC
Page 8
Samedi 17 juillet 2010
Les psychothérapeutes belges
seraient-ils peu fiables au point de ne pas mériter la confiance des gens de
l’Eglise belge ? C’est la question que se pose un prêtre d’un diocèse
francophone. Abusé par un prêtre dans son jeune âge, cet abbé en souffre encore
aujourd’hui. Son évêque a décidé de lui imposer une psychothérapie. Mais sans
lui laisser le choix du thérapeute.
Un courrier envoyé à l’intéressé par
l’évêché le 28 mars 2008 est éloquent. « Lors de ta rencontre du mercredi des Cendres
2005 avec Mgr X, il t’avait demandé de rencontrer soit Mgr Anatrella, soit le Dr L. Déjà, tu avais fait preuve
d’énormément de mauvaise volonté avant d’accepter, allant jusqu’à annuler deux
rendez-vous fixés avec MgrAnatrella. Je constate la même
mauvaise volonté maintenant. »
Aujourd’hui, la victime d’abus sort de
sa réserve. « Je ne vois pourquoi on voulait m’obliger à aller consulter un
psychothérapeute à Paris, Mgr Anatrella, alors qu’il y en a
de très bons en Belgique ? En plus, pourquoi aurais-je dû confier mes douleurs
à un thérapeute lui aussi ecclésiastique ? Tout cela ne me paraissait pas sain.
»
La jeune victime s’interroge. Qui est
cet homme chez qui on voulait l’envoyer ? « J’apprends que d’autres ecclésiastiques ont
été envoyés chez lui. J’en parle à mon thérapeute qui me dit que j’ai bien fait
de ne pas y aller car l’homme est un prédateur... »
Le jeune homme se renseigne. Il
découvre alors qu’une plainte contre X a été déposée le 30 octobre 2006 par un
jeune adulte qui a dénoncé à la police des séances de « thérapie corporelle »
pratiquées par le psychanalyste qui, selon lui, aurait abusé de sa position de
soignant. Entre-temps, Tony Anatrella avait été mis en cause, dans la revue
catholique contestataire Golias, par un ancien séminariste
qui affirmait avoir eu des rapports sexuels avec lui lors de séances de
travail, dans le cadre d’une thérapie pour se libérer de son attirance
homosexuelle.
« On lui a fait une mauvaise
réputation car il a tenu des propos sur l’homosexualité qui ont certainement
été retirés de leur contexte, réagit Eric De
Beukelaer, porte-parole des évêques. Quand un évêque reçoit un appel à l’aide, il
essaie d’y répondre. Or, il n’y a pas beaucoup de thérapeutes spécialisés dans
les problèmes rencontrés par les gens du clergé. »
Portrait
Tony Anatrella, un
homme contesté
Né en 1941, Tony Anatrella est un
prélat, prêtre catholique, et un psychothérapeute, spécialiste en psychiatrie
sociale. Le 3 décembre 2000, il a été nommé par Jean-Paul II, en tant que
consulteur auprès du Conseil pontifical pour la famille. Connu pour avoir
affirmé que les personnes homosexuelles souffraient de narcissisme et
d’immaturité, le père Anatrella est critiqué depuis longtemps par ceux qui
luttent contre l’homophobie et pour le respect des différences.
Le 30 octobre 2006, une plainte pour
attouchements sexuels est déposée contre lui par un ancien patient. Le 18
novembre, l’homme d’Eglise réplique en déposant à son tour une plainte contre X
pour dénonciation calomnieuse et diffamation. Le 12 septembre 2007, la justice
prononce un non-lieu en faveur du religieux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire