En 1971, Ménie Grégoire avait soulevé un tollé mi-hilare mi-insurgé en intitulant une de ses émissions de radio « L’homosexualité, ce douloureux problème ». Ce titre, pourtant apparemment compassionnel, avait catalysé la révolte contre la conception de l’homosexualité comme une maladie. Une préférence n’est pas une maladie, affirmèrent alors les homosexuels. À l’époque, nombre d’entre eux et elles étaient internés et détruits, sous prétexte de « soins » qui relevaient plus de la torture punitive et de l’exorcisme que de la psychiatrie.
Aujourd’hui, le site du ministère de l’Intérieur reprend sans sourciller cette expression à propos des jeunes djihadistes :
« Prévention de la radicalisation violente » : « La France est aujourd’hui confrontée au basculement de plusieurs centaines de personnes dans l’engagement radical violent, le plus souvent en lien avec des filières terroristes. (…) Sous couvert de buts prétendument humanitaires, ou au nom d’un message religieux dévoyé, ces filières prônent un discours de haine. (…) un numéro d’assistance et d’orientation a été mis à votre disposition. L’objectif est de mobiliser les moyens de l’État pour vous aider à surmonterce douloureux problème. »
Le jeune tenté par le djihad serait dans la même situation qu’un drogué, qu’un déprimé suicidaire : son entourage est appelé à la vigilance, à la prévention.
Les « signaux d’alerte » sont énumérés : « rupture relationnelle, avec l’école, avec la famille, nouveaux comportements alimentaires, vestimentaires, propos antisociaux virulents ou violents, de condamnation de la société occidentale, intérêt soudain pour telle religion ou telle idéologie, discours relatif à la fin du monde… »
Le concept d’une pathologie de la « radicalisation » fait l’objet d’une vaste campagne de propagande. La « radicalisation » serait une pathologie de la jeunesse qui cherche un prétexte idéologique, et certainement pas la conséquence de l’idéologie de l’islam, en aucun cas celle du « vrai islam ».
Un colloque vient de lui être consacré à l’université Paris-Diderot : « La radicalisation et ses traitements. État des recherches et savoir sur le djihadisme. » Olivier Roy affirme dans Le Monde : « Il ne s’agit pas de la radicalisation de l’islam, mais de l’islamisation de la radicalité. » Les médecins devront signaler sans confondre la « radicalisation » avec une simple foi… sous peine de voir leur responsabilité pénale mise en cause.
Tout comme pour l’homosexualité, il s’agit de faire passer pour une pathologie mentale ce qui n’en est aucunement, ce qui est d’une autre nature : une préférence, un goût, une opinion, une idéologie.
La phrase clé du site est : « au nom d’un message religieux dévoyé ». Il s’agit d’innocenter l’islam à tout prix, même au prix de la vie des jeunes, puisqu’il faudrait pour les protéger réfuter les textes : « Le combat vous a été prescrit » (Coran 2/216), « Le djihad vous a été prescrit »(Boukhari).