ISLAM – ISLAMISME : 12 Questions pour mieux comprendre
ISLAM – ISLAMISME
12 Questions pour mieux comprendre
Johan
Bourlard
Édition
Tatamis, février 2017, 233 pages, 18 €
Ne
nous voilons pas la face. Dans le concert actuel des propos tenus sur l’islam,
il est bien rare de rencontrer une personne à la fois honnête et avertie. Malheureusement
en la matière, l’agora est davantage occupée par les « Turcs de profession »
[1] que fréquentée par des esprits éclairés.
Le
politiquement correct, dont on ne soulignera jamais assez la perversité,
voudrait nous faire prendre des vessies pour des lanternes en ressassant
indéfiniment les « crimes imprescriptibles » de l’Occident à
l’endroit du Croissant. Les choses sont assurément plus complexes et les
pédagogues manquent pour nous instruire. Voici pourquoi il faut saluer, avec
enthousiasme, ce deuxième opus d’un universitaire belge qui met fort intelligemment
les choses en perspective. Le propos est érudit, solidement argumenté mais
jamais pédant ; la présentation claire et agréable.
L’ouvrage,
bien conçu, comprend 12 chapitres. Ceux-ci traitent successivement d’une
question particulière pour mieux appréhender la religion de Mahomet sous ses
différents aspects. Ces chapitres sont réunis par quatre, au sein de 3 parties
formant chacune un tout cohérent autour d’un thème :
1 – Questions doctrinales (pp. 15-91) incluant les questions 1 à
4.
2 – Questions historiques (pp. 93-159) qui contiennent les
questions 5 à 8.
3 – Questions socioculturelles (pp. 161-210) englobant les
questions 9 à 12.
Chaque point traité fait l’objet d’une analyse à la fois
synthétique et didactique. L’auteur illustre ses explications avec les références
idoines du Coran, des hadiths (faits, gestes, paroles et silences attribués au
Prophète) ou des autorités religieuses traditionnelles et reconnues. Tout est
dûment étayé. Signalons qu’outre la bibliographie générale figurant en fin
d’ouvrage, les chapitres sont complétés par une rubrique intitulée Pour en
savoir plus... Celle-ci recommande une liste d'ouvrages à consulter pour
approfondir le sujet abordé.
Il faut remercier Johan Bourlard de ne pas esquiver les questions qui fâchent et, peut-être
plus encore, celle qu’insidieusement on cache habituellement aux opinions
occidentales. Comme il l’écrit justement dans l’avant-propos : « L’objectif visé est de fournir, sans
haine mais aussi sans crainte, une information et une réflexion sur des points
essentiels à une approche à la fois décomplexée et dépassionnée d’un sujet plus
que jamais au centre de toutes les attentions. » Précisons que cet
objectif est parfaitement atteint.
En effet,
après avoir exposé les dogmes de la religion musulmane, présenté son livre
révélé – le Coran (al-Qur’ân القُرْآن)
– et rappelé qui est son prophète – Mahomet (Muhammad مُحَمَّد) –, l’auteur détaille un certain nombre de points
fondamentaux qu’il devient urgent de connaître au moment où l’islam (islâm إسلام) s’installe massivement et,
sans doute, pour longtemps en Europe.
Comment
interpréter le Coran ? Qu’est-ce que la théorie de l’abrogation (naskh نَسْخ) ?
Celle-ci ne fait pas, hélas, du troisième monothéisme une religion de paix. Il
faut comprendre que ce sont les versets de Médine (622-632), les derniers
révélés et les plus agressifs qui, en cas de contradiction, abrogent ceux de la
Mecque (610-622) antérieurs et davantage orientés vers le pacifisme.
La charia
(شَريعة) est-elle compatible avec les droits de l’homme tels
qu’ils ont été conçus par la civilisation judéo-chrétienne ? Quelle place
est offerte dans la cité du Prophète à la femme ? S’agit-il d’un statut
enviable pour celles qui bénéficient de l’égalité des droits avec la gent
masculine ? Qu’en est-il exactement de la tolérance de l’islam ?
Est-elle positive ou négative ? S’applique-t-elle à l’apostasie, à
l’athée ? Comment s’articule cette tolérance à l’endroit du chrétien et du
juif ? Comment un Occidental, habitué à une liberté d’expression sans
contrainte, doit-il réagir face au devoir incombant à chaque croyant de veiller
à ce que l’orthopraxie musulmane soit respectée par tous (hisba حِسْبة) ?
Le soufisme est-il véritablement l’apologie d’une fraternité universelle ?
Signalons
toutefois deux coquilles. D’une part, Hülegü le destructeur de Bagdad (en 1258)
n'est pas le fils (cf. note 29 en bas de la page 190) mais le petit-fils de
Gengis Khan. D’autre part, le Tunisien Mohamed Bouazizi est originaire de Sidi
Bouzid, chef-lieu d'un gouvernorat du centre de la Tunisie et non de Sidi Bou
Saïd (comme indiqué en haut de la page 206).
Enfin, une conclusion d’une dizaine de pages dresse les constats, mesure
les dangers actuels qui menacent le vieux continent. Et l’auteur de nous
proposer des solutions de bon sens. Celles-ci passent nécessairement par une
révision des liens que l’Occident entretient avec l’Arabie saoudite et l’Iran,
deux États qui font la promotion d’un islam rigoureusement incompatible avec
nos valeurs. Elles invitent également les musulmans et les Européens à plus de
sagesse dans leur appréciation de l’histoire et plus particulièrement du
colonialisme. Les premiers doivent faire un indispensable effort d’autocritique,
abandonner la posture confortable mais mensongère de la victimisation ; les
seconds renoncer à s’accuser de tous les maux pour réapprendre la fierté d’une
civilisation dont est issu la démocratie. Bref, pour les uns comme pour les
autres, la construction d’un authentique vivre-ensemble ne pourra se faire qu’en
regardant la réalité en face et certainement pas en cultivant les dénis.
Il
faut lire et faire lire ISLAM – ISLAMISME. Le livre est une boussole. C’est un nouveau Guide des égarés pour quiconque veut
objectivement étudier la religion de Mahomet.
Originaire de Mons (Belgique) où il est né en
1978, Johan Bourlard, est diplômé de l’Écoles d’interprètes
internationaux de l’université de Mons-Hainaut en traduction et de
l’Université libre de Bruxelles en histoire et sciences des religions (avec
spécialisation en islam). L’auteur a enseigné l’histoire de l’islam médiéval à
l’Université catholique de l’Ouest (Angers) et intervient fréquemment à
l’Institut de Formation Politique (Paris). Ce spécialiste reconnu de l’islam
est, depuis le premier août 2017, expert en radicalisme au sein d'une agence du
gouvernement fédéral belge.
Winston
Belmonte
[1]
l'expression désigne ces non musulmans plus
pro-charia que les musulmans, et est née sous la plume de Jack-Alain Léger,
auteur de " Tartuffe fait Ramadan ", éditions Denoël. (Note d'Elissseievna)
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