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Féminisation des noms de fonction

FEMINISATION DES NOMS DE FONCTION & UNIVERSALISME

Où il est montré que la féminisation des "noms de fonction" n'en est pas une
et n'est pas contraire à l'universalisme


La fonction n'a pas de sexe !
Tir de barrage condescendant contre les féministes, ces linottes qui veulent détruire l'universalisme, et donc finalement, plaider contre leur propre cause.

Nous sommes universalistes, nous sommes persuadées, qu'une fonction est la même, et doit être exercée de la même façon, qu'elle soit exercée par un homme et une femme.

Seulement, il se trouve, que l'argument de nos contradicteurs ne tient pas. Il ne repose que sur une analyse simpliste du langage, simplisme qui mène à la confusion et au faux.


Les logiciens du Moyen Age nous éclairent sur le sens du nom.

Dans un mot ils distinguaient : l' "appellatio", ce que Saussure appellerait le "signifiant", la "significatio", ce que Saussure appellerait le "signifié", et la "suppositio".

Un nom désigne une chose, ce qu'il désigne est appelé dans le langage actuel "référent", mais était appelé par les logiciens médiavaux "suppositio", supposition.
Ce qui est supposé supposé, sous-posé, sous le nom.

Les subtils logiciens médiévaux ont réfléchi à toutes les suppositions, distinctes, qu'un nom est susceptible d'avoir.

Dans la phrase " Socrate est un homme", le mot Socrate désigne l'homme nommé Socrate.
Mais dans la phrase "le mot Socrate désigne l'homme nommé Socrate", le premier terme "Socrate" désigne le mot de la première phrase.

La supposition est matérielle lorsqu'elle désigne le mot lui-même : "Homme a cinq lettre", c'est le mot "homme" lui même qui est le sujet de la phrase.
La supposition est formelle lorsqu'elle est la forme qui représente un autre objet.
La supposition formelle est discrète lorsque le nom est un nom propre, il ne désigne qu'une seule personne :
"Socrate est un homme".
La supposition formelle est commune lorsque le nom est un nom commun.
La supposition commune est naturelle, lorsque le mot est hors contexte, sinon elle est accidentelle.
La supposition accidentelle est simple lorsque le mot vaut pour la forme de la chose : "Homme est une espèce",
La supposition accidentelle est personnelle, lorsqu'il vaut pour plusieurs individus.
La supposition personnelle est déterminée, lorsque le terme désigne un individu, sans préciser qui il est : "Un homme rit".
La supposition personnelle est confuse, lorsque le terme désigne plusieurs individus.

Arrêtons là...

Nous pouvons mieux comprendre les confusions implicites dans l'argument de l'absence de sexe de la fonction.
Il y a deux confusions.

D'une part, la confusion entre la "supposition" d'une fonction ou d'un métier, et la supposition de la personne exerçant cette fonction.

Certes le mot désignant une fonction peut être le même que celui désignant la personne qui exerce cette fonction.
Ou plutôt parfois, le mot désignant une fonction, quand il existe, est utilisé comme un mot désignant la ou les personnes qui exercent cette fonction.
Parfois, souvent, le mot désignant la fonction n'existe pas et la désignation de la fonction doit être faite par un groupe de mot du type : "la fonction de ... (suivi du mot désignant la personne exerçant la fonction)".

Le roi est la personne qui exerce la fonction de roi.
Le président ou la présidente est la personne qui exerce la présidence.
On utilise parfois indifféremment le mot 'la gérance" ou "la présidence" comme sujet d'une phrase indiquant ce que fait ou fera la ou les personnes exerçant ces fonctions.
Le ou la menuisière est la personne qui exerce la fonction de menuisier/e, l'art de la menuiserie.

D'autre part, la confusion entre la "supposition" d'une personne déterminée exerçant telle ou telle fonction, et la "supposition" confuse d'une personne non déterminée susceptible d'exercer la fonction, ou de toute personne susceptible d'exercer la fonction ( les deux suppositions n'étant pas identiques ... ).

Ainsi, l'on réalise que, par exemple, le mot "ministre" n'est pas un mot supposant une fonction, mais un mot supposant une personne humaine, ou des personnes humaines (successivement dans le temps), connues, identifiées ou non.

Pour savoir ce que suppose un mot dans une phrase, il suffit de remplacer ce mot, par une expression synonyme ( nom ou autre) de ce qu'il est censé supposer.

Le président a été élu. Coluche a été élu. Voilà qui se tien(drai)t.
Le président est enceinte. La présidence est enceinte. Voilà qui ne tient pas. Ce n'est pas la fonction qui est enceinte, c'est la personne exerçant cette fonction.
Le roi est mort. La fonction de roi n'est pas morte, et vive la reine.

Ainsi l'on voit qu'il n'y a pas lieu de confondre la supposition d'une fonction, avec la supposition d'une personne humaine, donc généralement sexuée, exerçant cette fonction.
Par conséquent, il n'y a aucun risque de sexualiser la fonction, en respectant le genre grammatical du mot désignant la personne qui exerce ladite fonction.

En français, les noms de personnes humaines prennent le genre correspondant au sexe de la personne désignée.
Il n'y a pas de raison de déroger à cette règle par crainte de sexualiser cette abstraction qu'est la fonction, la notion de la fonction exercée par une personne.

On peut distinguer les questions, en fonction de la précision de la supposition.

Si la personne supposée est connue. On connaît en général son sexe, en tout cas celui qu'elle souhaite avoir civilement. Il n'y a aucune raison de ne pas dire la ministre comme on dirait la boulangère, sachant qu'elles s'appellent Marie Desmoulins.

Si la personne supposée n'est pas connue, si le mot désigne toute personne, homme ou femme, susceptible d'exercer la fonction dont le texte explique le contenu, alors il est aussi opportun de dire, de marquer par le genre, que la personne susceptible d'exercer cette fonction ( et qui n'est pas la fonction elle même, qui n'est pas un concept mais sera une personne bien réelle et sexuée), pourra être féminine aussi ...
Si la personne n'est pas connue, il faut employer une forme alternative : le ou la, la ou le ... Puisque les deux termes de l'alternatives sont possibles.

Dans une langue ayant deux genres, reflet du sexe des personnes humaines supposées, parler en n'utilisant qu'un seul genre des personnes exerçant certaines fonctions ou susceptibles de les exercer, c'est effacer les femmes, les marquer comme impossibles dans ces rôles, les évincer symboliquement de ces fonctions.

Faute de savoir distinguer entre les différentes suppositions d'un nom et pour satisfaire leur ego masculin, nos contradicteurs utilisent un grossier subterfuge reposant sur des confusions, et nous assènent des objections sans pertinence. Le voilà révélé, par la profondeur de pensée du Moyen Age.

ELISSEIEVNA