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COVID et CRIMES

LE RIRE DU DIABLE

LE RIRE DU DIABLE


LE RIRE .»

La joie serait le sentiment de la victoire.
Le rire serait le sentiment de l’échec, de la vie devant du mécanique.
Survivre suppose des victoires.

Le malheur est comique parce qu’il arrive toujours : en rire c’est ne pas oublier d’être joyeux malgré lui.
Entre habitués des persécutions en tout genre, rire du malheur, de la bêtise des choses, de la mort dans la vie, c’est ne pas oublier que comme nous la comprenons, nous pouvons la vaincre,
(nous devons essayer de la vaincre, en ce sens : ne pas oublier d’être joyeux).
Le rire est le début de la victoire - ensemble - de l’intelligence sur la mort.

Il faut avoir la bêtise de croire que le malheur n’arrive qu’aux coupables pour ne rire que par moquerie.
Pour rire d’eux et pas avec eux.

.» ET CELUI DU DIABLE

Le plaisir est le guide animal, instinctif, vers ce qui nous permet de survivre.
Le pervers utilise ce qui est pour le bien, pour le mal, ce qui est pour la vie pour la mort.
D’où :
Le rire du diable est le plaisir de la mort de l’autre. La jouissance de vaincre en écrasant le plus faible.

DERISOIRE

Le plus faible qui se révolte est risible : il se débat vainement, vaincu d’avance.

Les problèmes des petits, des femmes, apparaissent dérisoires, parce qu’ils viennent de gens qui paraissent en eux mêmes dérisoires, quantité négligeable.
Comment a t on pu rire des femmes battues, comment les lettrés chinois ont ils pu rire de la question des pieds bandés, comment les médecins viennois du XIX° ont ils pu rire, au point de le rendre fou, du Dr Semmelweiss qui, dans un hôpital où plus de la moitié des accouchées mourraient de fièvre puerpérale , avait découvert que se laver les mains avant de toucher les femmes réduisait les cas d’infection et demandait que cette méthode soit appliquée .», comment De Gaulle a-t-il pu parler d’un ministère du tricot, sinon par cet automatisme de mépris ?

La loi du plus fort veut que le plus fort ait raison.
Les frustres confondent plaisir de triompher avec vérité.
Ils prennent leur envie de rire pour la preuve que le plus faible a tort.

Alors que le rire est l’indice d’une oppression.
Si le plus faible se débat c’est qu’il souffre, si les plus forts rient c’est de leur triomphe sur lui, c’est qu’il y a triomphe, qu’ils en retirent profit, c’est que la souffrance du plus faible n’est pas un fait de la nature, mais une situation d’exploitation.
Si le combat du plus faible est perdu d’avance c’est que le déséquilibre des forces est trop grand.
L’exploitation rendue possible par le déséquilibre des forces s’appelle l’oppression.

Il y a des rires dont on doit avoir honte.
Rires de porcs vautrés dans leur plaisir d’écraser.


PUNITION DE LA VIOLATION DE LA COUTUME

Byzarrement, Bergson ne semble voir dans le rire que le rire sur l’autre, la moquerie.
Après avoir expliqué que le rire vient " Du mécanique plaqué sur du vivant" : " Nous rions chaque fois qu'une personne nous donne l'impression d'une chose", Henri Bergson décrit la fonction punitive du rire.

"En un mot, si l'on trace un cercle autour des actions et dispositions qui compromettent la vie individuelle ou sociale et qui se châtient elles mêmes par leurs conséquences naturelles, il reste en dehors de ce terrain d'émotion et de lutte, dans une zone neutre où l'homme se donne simplement en spectacle à l'homme, une certaine raideur du corps, de l'esprit ou du caractère, que la société voudrait encore éliminer pour obtenir de ses membres une plus grande élasticité et la plus haute sociabilité possibles. Cette raideur est le comique, le rire en est le châtiment."
"Le rire est, avant tout, une correction. Fait pour humilier, il doit donner à la personne qui en est l'objet une impression pénible. La société se venge par lui des libertés qu'on a prises avec elle.(…) En général et en gros, le rire exerce sans doute une fonction utile. (…). Mais il ne suit pas de là que le rire frappe toujours juste, ni qu'il s'inspire d'une pensée de bienveillance ou même d'équité.
Pour frapper toujours juste, il faudrait qu'il procédât d'un acte de réflexion. Or le rire est simplement l'effet d'un mécanisme monté en nous par la nature, ou, ce qui revient à peu près au même, par une très longue habitude de la vie sociale.(…) Le rire châtie certains défauts à peu près comme la maladie châtie certains excès, frap¬pant des innocents, épargnant des coupables, visant à un résultat général (…) Il en est ainsi de tout ce qui s'accomplit par des voies naturelles au lieu de se faire par réflexion consciente. (…) Répétons qu'il ne doit pas non plus être bon. Il a pour fonction d'intimider en humiliant. "

UNE SI PETITE HUMILIATION

Les revendications des femmes contre les petites humiliations semblent dérisoires. Le rire semble une petite humiliation. Il y aurait toujours plus urgent à faire.

L’humiliation n’est jamais gratuite, jamais uniquement symbolique.
Personne n’accepte de courber l’échine devant un autre, de « se laisser humilier avec le sourire », s’il n’y est pas contraint, acculé, s’il n’est pas dans une telle position de faiblesse, que bien d’autres contraintes abusives, injustices et violences peuvent lui être infligés.
On n’humilie pas par inadvertance, si celui qui humilie était quelqu’un de bien il n’humilierait pas, ou s’arrêterait et s’excuserait immédiatement.
L’humiliation est menace d’employer la force, elle sert à obtenir ce que l’on veut sans même se fatiguer à employer la force, à obtenir la résignation de l'autre à son sort, elle prépare et facilite toujours des violences physiques, de l’exploitation économiques donc finalement physique de l’humilié-e.
« Puisqu’une femme, telle femme, prend moins un air de dignité, mérite moins de respect, d’estime, puisqu’elle a moins de poids, c’est que sa parole, ses actes ont moins de poids, c’est qu’elle et son travail valent moins.» » estiment plus ou moins explicitement les supérieurs hiérarchiques.
Dès lors que l’humiliation parait possible d’autres domaines, elle n’est plus exclue dans le domaine physique, or là, l’humiliation se confond avec la violation de l’intégrité physique.

Une si petite humiliation…
Personne ne vous menace vraiment, vous paraîtriez bien folle si vous le disiez, mais tous les jours, cent fois par jour, de tous petits signes "symboliques" vous rappellent une menace possible.
Le message distillé aux femmes par cette si petite humiliation est bien : " Vous n'arriverez même pas à obtenir un droit si dérisoire, gare à vous si vous tentez d'en revendiquer de plus importants !"
L'humiliation comme terrorisme subliminal.

Toute discrimination est une humiliation.
L'impunité d’une discrimination encourage la violation des droits, accrédite l'idée que la violation des droits (des femmes) n'est pas si grave…. L'impunité de la violation d'un droit est facilement confondue avec l'absence de droit, laquelle est facilement confondue avec l'absence de valeur de la personne qui ne "mériterait" pas ces droits. Le mépris des droits des femmes a pour conséquence le mépris des femmes.
Or "Faire souffrir quelqu'un de second ordre est un crime moins grave de second ordre lui aussi…"
Retour au dérisoire, et les diables sont d’avance excusés.

Elisseievna