Ivan Rioufol relaxé
Islamophobie : ma défense devant la Justice
Poursuivi
par le Collectif contre
l’islamophobie en France (CCIF)
pour des propos tenus en 2012 sur RTL, j’étais vendredi dernier sur le banc
des prévenus de la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris. Je ne vais
pas revenir sur l’affaire, expliquée ici le 10
juin 2013, le 14
juillet 2013 et
le 30
septembre 2013. Pour résumer, le CCIF me poursuivait pour avoir notamment
déclaré, le 15 novembre 2012 dans l’émission On
refait le Monde, au sujet
d’une campagne d’affichage du collectif intitulée : "Nous sommes la nation"
et représentant le détournement du Serment du Jeu de Paume : "Ce collectif
est en train de démontrer ce qu’on reproche précisément à cet islam radical,
c’est-à-dire de refuser de s’intégrer et de s’approprier la nation. Il refuse
de s’intégrer dans la mesure où il représente des femmes qui affichent leur
religiosité, si je puis dire, et naturellement il s’approprie la nation à
travers ce slogan qui est en train de dire : La France, c’est nous ; et ça
donne argument à tous ceux qui disent qu’il y a effectivement une sorte de
grand remplacement, de substitution de population et qu’il y a une sorte
d’offensive islamiste, et on en voit l’illustration dans cette campagne >. A
l’issue de trois heures et demi de débats, le
procureur de la République a requis la relaxe, en estimant que mes critiques
relevaient de la libre opinion et n’étaient pas diffamatoires. La relaxe a
aussi été requise pour Marc-Olivier
Fogiel, animateur du débat,
qui n’était pas présent à l’audience. Mis en délibéré, le jugement sera rendu le 29
octobre.La veille, le site islamiste Al
Kanz avait relayé sur l’Internet un texte du CCIF invitant ses
soutiens à venir à l’audience. Il y était écrit : "Vous pouvez venir
accompagné d’une personne. Nous allons aussi solliciter les médias pour que
cette affaire ne soit pas étouffée. Nul besoin de vous rappeler que nous devons
donner l’image d’un groupe soudé et discipliné, en fait rien d’autre que la
réalité (…) Nous comptons vraiment sur vous, vous serez encore sollicités dans
le futur, mais quel combat peut gagner à temps partiel ?". Dans ce texte,
les deux accusés étaient présentés ainsi : "Les faiseurs d’opinion et
polémistes ne sont pas des journalistes mais des personnes payées pour faire de
l’audience, peu importe la tenue de leurs propos (…)". Dans la salle,
derrière moi, j’ai pu comptabiliser une vingtaine de femmes voilées et des
barbus, silencieux.
A
l’invitation de la présidente, j’ai pu dire devant le tribunal, avant que mon
avocatMe Jean Ennochi ne
prenne la parole, ce qui me tenait à cœur. Après avoir rappelé qu’en quarante
ans de carrière, dont vingt ans comme éditorialiste, c’était la première fois
que j’avais à répondre d’une opinion devant la justice, j’ai dénoncél’atteinte
à la liberté d’expression que
représentait, à mes yeux, la plainte abusive du CCIF et sa tentative de
judiciarisation du débat sur l’islam. D’autant que ce collectif, sollicité par RTL ce soir-là du 15 novembre pour
intervenir en direct dans la controverse, était revenu sur son accord à la dernière
minute. J’ai fait valoir l’insécurité, physique et judiciaire, dans laquelle
vivaient aujourd’hui les journalistes qui traitent de l’islam, en regard des
pressions, des intimidations, des menaces dont ils peuvent être l’objet par des
groupes radicaux. J’ai rappelé quel’accusation en islamophobie, qui dénonce indifféremment le
raciste qui rejette le musulman pour ce qu’il est et celui qui, comme moi,
dénonce l’islam politique et
totalitaire, était vide de
sens et empêchait de désigner le djihadisme et la judéophobie. J’ai cité les
propos de Manuel Valls, qui, ministre de l’Intérieur,
avait admis que ce concept était "utilisé à des fins politiques par
des adversaires de la démocratie et de la République". Plus gravement,
j’ai soutenu devant la présidente du tribunal que cette accusation en
islamophobie, abondamment reprise par les réseaux sociaux s’agissant de ma
personne, pouvait être comprise par un esprit faible ou exalté comme un permis
de tuer. J’ai rappelé que les journalistes deCharlie Hebdo avaient été assassinés au prétexte
qu’ils avaient été jugés "islamophobes". Dans une plaidoirie
outrancière et sinueuse, l’avocat du CCIF, Me
Henri Braun, a assuré :
"On n’est pas des censeurs (…) On est prêts à se battre pour que cette
liberté d’expression subsiste car elle est menacée (…) Tout dans notre
action est pour défendre la laïcité". "Le voile, c’est
républicain", a-t-il aussi assuré, avant de longuement décortiquer et
critiquer mes propos et de déclarer, au sujet de mon confrère : "Il ne
faut pas laisser s’exprimer dans les médias M. Fogiel". Bref, la liberté
d’expression, mais pas trop…
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NB:
La XVIIe chambre du Tribunal correctionnel de Paris a débouté, jeudi,le Collectif contre l'islamophobie en
France (CCIF) de l'action
en diffamation qu'il
avait engagée contre votre serviteur pour des propos tenus sur RTL, en
m'accordant la relaxe, au nom de la liberté d'expression.
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