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COVID et CRIMES

Pour le droit à l’avortement, à l’autodétermination, et pour une démocratie non re-sacralisée





Je republie un article écrit en 2011 :


Pour le droit à l’avortement, à l’autodétermination, et pour une démocratie non re-sacralisée


Je suis pour le droit à l’avortement, le mariage homo, l’indulgence envers les médecins dans certains cas d’aide au suicide, et le droit du peuple français à disposer de lui-même.
J’entends par droit du peuple français à disposer de lui même, le droit décider de son avenir en tant que population d’origine ancestrale, libre de choisir si elle veut être « identitaire » ou « diversitaire », c’est-à-dire si elle veut être principalement majoritaire chez elle, ou mariée à, mélangée avec, des populations originaires d’autres pays.
Riposte laïque publie des points de vue critiques des idées féministes, et côtoie des identitaires bien opposés à la vision « indifférentialiste » des thèmes républicains et de gauche : tout cela peut paraître incohérent. Je pense qu’il y a au contraire une profonde cohérence entre la vision démocrate de Riposte laïque, et l’ouverture de ces questionnements divers.
Je vais le montrer en donnant brièvement mon point de vue sur chacun de ces débats, et en montrant que malgré des aspects inconciliables entre les différentes positions, le dialogue renouvelé sur ces sujets est possible, important et utile, et nécessaire à la conservation de la démocratie.
Je vais le montrer également en soulevant un problème connexe, un problème de théorie du droit : celui de la constitutionalisation progressive du droit. J’entends par constitutionnalisation, l’intégration progressive de plus en plus de lois dans le socle constitutionnel, donc non susceptible d’être soumis au débat démocratique, et ce, au nom des ou en tant que droits humains fondamentaux.
Dans l’optique de cette constitutionalisation, court-circuiter le débat démocratique en utilisant le mot valise « intégrisme » pour disqualifier le point de vue opposé, ou en donnant aux droits humains une conception extensive qui les autodétruit, le tout dans une atmosphère de terrorisme intellectuel et d’ultra-conformisme, est une façon insidieuse et extrêmement dangereuse de détruire la démocratie, en la remplaçant progressivement par un système oligarchique et dogmatique : tout ce qu’il y a d’anti-laïque.

Avortement

Je suis pour le droit à l’avortement, pour la raison fondamentale que je suis pour la liberté des femmes de décider de ce qui concerne leur corps et le lien avec leur enfant tant qu’il est dans leur corps. Pour cette même raison, je suis aussi pour le droit à l’accouchement sous X. Tout en souhaitant dans les deux cas, que ces droits finissent par ne plus avoir être utilisés, car comme l’a dit un médecin partisan du droit à l’avortement : « Le seul bon avortement c’est celui qui n’a pas lieu », car dès la conception, il y a bien une vie humaine, et une responsabilité envers cette vie.
Il me parait fondamental que le lien entre la mère et l’enfant qu’elle porte, diade dont seule la mère peut porter la voix, être une « personne » au sens antique et étymologique de celle par qui passe la voix, soit respecté, car ce lien est au cœur de l’humanité des êtres humains, qui ne naissent ni dans des œufs, ni dans des machines mais dans une relation vivante avec leur mère. Il me parait monstrueux de parler en terme d’opposition entre la mère et le fœtus, et d’aboutir à des situations où l’on ferait naitre des enfants en tuant ou en maltraitant la mère, où l’enfant aurait à porter qu’il est né en tuant ou combattant sa mère. Il me parait aussi responsable d’arrêter une existence qui n’est pas encore parvenue à la conscience de la souffrance qu’elle peut subir, lorsque l’on pense qu’une fois consciente, cette existence sera celle de graves souffrances que l’on ne sait comment empêcher. L’accouchement sous X doit être possible pour les femmes qui estiment que ce lien avec l’enfant peut leur être insupportable : l’accouchement sous X est aussi un acte d’amour (cf Dr Catherine Bonnet).
Mais en tant que féministe, je sais aussi que les législations permettant l’avortement sont loin d’être toutes une défense des femmes. L’avortement imposé, y compris à plusieurs mois de grossesse est une horreur pour les mères et leurs bébés : il existe en Chine, (et on peut se demander s’il ne prend pas de plus en plus de place de fait ici vis-à-vis des parents d’enfants malformés). L’avortement tardif est présenté par certains comme un droit pour des femmes en cas de risque psychique de continuation de la grossesse : je ne crois pas une seconde à cet argument. A partir de quel moment la conscience de la souffrance de l’être humain conçu, passe-t-elle le degré où sa mise à mort cause moins de souffrance que l’existence qu’il aurait s’il naissait, comment donc exercer ma responsabilité envers lui ? Tel est la question que toute femme ou médecin envisageant un avortement a à se poser. Certains contournent ce débat en inversant les termes de la réflexion sur le droit, en prétendant qu’il serait interdit de parler de « personne humaine » avant la naissance .. c’est un artifice rhétorique : en réalité le débat sur la loi doit partir des réalités matérielles, pour ensuite porter sur les catégories juridiques à définir pour énoncer la loi. La réalité matérielle est un développement continu du stade de l’unicellulaire au bébé, en passant par le stade d’embryon non sensible et non viable, à celui d’embryon ou foetus sensible et non viable, à celui de viable avec l’aide de la médecine, puis à celui de viable tout court. Comment imaginer que mettre à mort un fœtus déjà largement sensible, même s’il n’est pas viable, ou qui plus est, viable, puisse être autre chose qu’une cause de tourment ultérieur pour une femme ?
Refuser le droit à l’avortement au nom d’un droit des hommes d’imposer aux femmes, conception et maternité, est moralement immonde. Mais dire que les opposants à l’avortement ont cela comme motivation ou seule motivation est faux. Ils s’intitulent pro-vie parce que leur (ou une de leur ) motivation est le souci de la vie de l’être humain conçu, soit au nom de l’âme ( un argument théologique soit, mais pas en soi anti-femme), soit au nom de la souffrance du fœtus. Que les défenseurs de l’avortement qui ont la réponse scientifique définitive sur le moment où la souffrance peut exister dans l’embryon, leur jette la première pierre. … que celui qui ne frémit pas en voyant un enfant arracher les ailes d’une mouche (taille d’un embryon de … quatre semaines), leur jette la première pierre. Est-ce là la figure de l’abominable « l’intégriste » ? Certes leur conception de l’arrivée de l’âme dans le corps s’oppose (pour les chrétiens) à toute autorisation de l’avortement, mais elle n’impose pas non la répression des femmes qui y recourent.
En fait, le débat entre partisans et opposants de l’avortement, concerne de nombreuses questions complexes, où les intérêts des femmes, des enfants, des handicapés ne sont pas toujours défendus par ceux qui s’en réclament en apparence le plus clairement, et réciproquement …, des questions que les découvertes de la science renouvellent constamment, des questions qui doivent surtout continuer à faire l’objet de débats théoriques constant, car ces débats théoriques sont nécessaires pour aider les personnes qui doivent affronter de telles situations dans des cas particuliers. Il en est de même pour la question de l’euthanasie.

L’euthanasie

Je suis pour le droit de se suicider, – pas « droit de suicider les autres » ni même droit d’exiger l’assistance des autres. Je suis pour que l’on « excuse » la mise à mort d’une personne par un médecin lorsqu’il n’y avait plus aucun moyen technique de lui permettre d’échapper à la douleur physique, et qu’elle ne voulait pas subir cette torture.
Mais je me méfie de l’idée de mourir « dans la dignité », de cette injonction à la dignité, alors que la vieillesse et la maladie le plus souvent dégradent et salissent, mais pourtant n’enlèvent rien à la valeur de la personne. J’ai très peur de la facilité du meurtre pur et simple qu’une législation mal faite faciliterait envers des personnes isolées ou laissées un moment de trop loin de la surveillance de leurs proches.
Un député défenseur du dernier projet de loi pour l’euthanasie, dit que l’on laisse aujourd’hui des gens mourir étouffés ou de douleur, et que la loi actuelle qualifie de non acharnement le fait de « débrancher » …. en laissant mourir de faim et de soif ces malades. Selon le Pr Lucien Israel, (athé), au contraire, la douleur peut toujours être maitrisée, – quitte à accélérer ou risquer d’accélérer la mort ou l’inconscience -, la demande d’euthanasie vient le plus souvent des bien-portants et non du malade, rien n’est plus facile que de dire à un malade qu’il n’y a plus rien à faire, alors que selon Lucien Israel, il y a toujours quelque chose à faire … Où est la vérité scientifique ?
Je crois que les cas où vraiment le problème se pose, c’est à dire une personne qui n’a ni possibilité de ne pas subir une douleur torturante, ni la possibilité de se suicider elle-même, sont très rares. Je ne sais même pas si une loi est nécessaire pour ces quelques cas là…
Je crois que quand un être a vraiment lui « vécu assez de jours », il se délite de soi-même, l' »appétit » de vivre, la faim, part, les mécanismes de défense du corps ne fonctionnent plus, les gens se « laissent mourir », et n’ont nul besoin d’aide pour partir. Combien de vieilles personnes partent quelques mois après leur conjoint, sans raison apparente ? Les malades ont besoin d’aide, quand ils sont torturés par leur soif de vivre, et leurs efforts pour rester en vie, malgré la désobéissance du corps : et là, pour l’essentiel ce n’est qu’une affaire d’argent, de moyens pour les soins anti-douleurs « palliatifs ».
En pratique aujourd’hui, quel anti-euthanasie sadique doloriste s’oppose à l’utilisation de sédatifs en raison du risque d’accélération de la mort ? Je doute qu’il en existe en France. En pratique aussi aujourd’hui, une législation sur l’euthanasie permettrait de réduire retraite, charges de la dépendance, finaliserait l’élimination des « vieux blancs ». Maximisation du profit allié au remplacement de la main d’œuvre importée soit disant pour payer leurs retraites. Est-ce une coïncidence si tant de pub est faite en Europe pour l’euthanasie, et si peu, par exemple, pour encourager le bénévolat auprès des personnes âgées ( ou handicapées) ? Il y en a moins que pour les sociétés de protection des animaux …

Mariage et adoption homosexuel

Je suis pour le mariage gay, pour l’adoption par des couples homos, et contre le « PACS ». Je suis surtout pour la défense de la vie privée, ce qui, je le conçois, fait de moi un animal préhistorique et une curiosité rarissime, et ce qui est de plus, contradictoire avec l’idée de mariage, qu’il soit homo ou hétéro … néanmoins, revenons au mariage pour les volontaires.
Depuis les efforts de Jean Carbonnier, le mariage est largement « à la carte », les mariés ont le choix entre plusieurs régimes matrimoniaux. Il est de plus aujourd’hui égalitaire. Le PACS n’est qu’un retour en arrière au stade de la répudiation, il a été voulu principalement par des gays misogynes et autres machos voulant fuir les pensions alimentaires. C’est une escroquerie intellectuelle vendant aux gens l’idée que l’on peut avoir une chose et son contraire, un couple et la facilité de se séparer, c’est une législation déprimante semant l’idée d’une fatalité des séparations. Alors soit les gens croient à la liberté, et ils ont ce que les féministes ont appelé humoristiquement « le Contrat d’Union libre », c’est-à-dire l’absence de législation et la liberté de s’organiser comme des grandes personnes autonomes, soit ils ont besoin d’un cadre pour leur engagement, et alors le mariage est là pour organiser vie commune et éventuellement désorganisation de cette vie commune, et doit être là aussi pour les homos.
Parce que je suis pour la préservation des liens entre les personnes, je ne vois pas pourquoi ne pas appliquer les règles ou certaines du mariage aux couples homosexuels, pour les aspects de leur lien qui sont identiques à ceux des couples hétérosexuels, c’est-à-dire pour l’aspect de vie de couple de leur alliance. On peut éventuellement parler d’alliance si le mot mariage parait décalé. L’aspect symbolique de la reconnaissance de ce lien de couple, la joie que cela représente pour les personnes concernées et leur famille, les aspects pratiques également en cas de maladie, de mutations professionnelles, sont les mêmes pour un couple homo que pour un couple hétéro. La différence importante entre ces deux sortes de couples concerne les enfants, qui ne peuvent être des enfants communs biologiques. Seuls les dogmatiques de l’universalisme, qui font mine de croire que le corps et le psychisme humains sont aussi malléables que les personnages du dessin animé des « barbapapa », peuvent prétendre le contraire.
Je suis pour la possibilité pour des couples homosexuels d’adopter, car il n’y a pas de raison de priver à priori des enfants de l’accueil dans des familles homosexuelles, mais je ne vois nulle discrimination dans le fait, toutes choses égales par ailleurs, de donner la préférence à un couple homme-femme pour l’accueil d’un enfant, car personne n’en sait assez aujourd’hui pour dire que l’adoption par un couple homosexuel est aussi sécurisante pour un enfant.
Quand les opposants au mariage gay affirment que celui-ci remet en cause des éléments fondamentaux : « ordre symbolique », moral anthropologique ou autre, je pense qu’ils se trompent de problème.. Ce qu’ils mettent en cause, c’est souvent moins la reconnaissance d’un couple ou la vie de famille de fait avec des enfants, qu’ils estiment souvent aujourd’hui relever de la liberté de la vie privée des personnes (sauf pour ceux qui appellent à leur exécution au nom de la loi divine.. ) , que la question du fondement au nom duquel le mariage, ou l’alliance, ou l’adoption, seraient légalisées, et les modalités choisies qui découlent de ce fondement.

Démocratie et aptitude à connaitre la vérité des choses…

Sans entrer dans le détail des philosophies en cause, il est important de comprendre que deux théories s’opposent sur le rapport entre l’être humain et la réalité, et que selon que l’on adopte l’une ou l’autre, on reconnait ou non les possibilité de la démocratie. Et paradoxalement, c’est une certaine pensée religieuse qui peut venir au secours des démocraties, menacées aujourd’hui par un retournement contre elles de leurs propres références.
La démocratie suppose le débat, qui suppose l’aptitude des humains à connaitre la réalité, la vérité sur la réalité, afin de prendre, après débats, les décisions qui conviennent le plus à l’intérêt général. Si l’esprit humain n’est pas apte à appréhender la réalité matérielle, si les humains ne sont pas aptes à partager ensemble la connaissance de la vérité, il n’y a plus de débat démocratique possible.
Or pour certains courants philosophique, qui ont ouvert la voie au rétablissement de la démocratie en Europe, l’esprit humain n’a pas accès à la vérité mais uniquement à lui-même, toute lecture dépend du lecteur, toute proposition du langage et de toute observation de l’observation. Dès lors toutes les réalités physiques et éventuelles différences entre les humains n’existent pas en tant que telles mais uniquement par rapport à la conception que les sociétés en ont, dès lors un fœtus n’existe pas sans exister dans l’esprit de ses parents, dès lors il n’y a ni homme ni femme …( théorie queer). Donc pourquoi pas mariage et adoption gay et mères porteuses et prostitution comme métier, et pourquoi s’inquiéter de l’euthanasie : tout n’étant qu’acte de volonté, au feu, les vieilles lunes marxistes sur les contraintes matérielles et les oppressions qui en découlent, n’est ce pas … ? . Dès lors aussi, il n’y a aucune doctrine définissable en fonction des textes mais uniquement des interprétations, et toute tentative de lecture logique de certains textes est qualifiée d’ « essentialisme » et d’être une manœuvre raciste.
Or si tout n’est que relatif à l’esprit de chaque individu ou au groupe, alors il n’y a qu’opposition ingérable d’intérêts, impossibilité de réelle communication, impossibilité de réel débat démocratique, avec comme seule issue la remise du pouvoir à une oligarchie ou à un dictateur quelconque.
Autrement dit, trop d’idéalisme et trop de relativisme ( par opposition au réalisme, ou matérialisme) finit par tuer … l’universalisme démocratique, car l’être humain, n’est plus seulement libéré de contraintes déterministes matérielles ou humaines, il est aussi soulagé de sa capacité à connaitre les réalités matérielles et humaines ! Soulagé, je veux dire par là, ce que l’on dit habituellement des victimes de voleurs et escrocs en tout genre. Car c’est bien d’une escroquerie intellectuelle qu’il s’agit ici : une petite mafia de profiteurs en tout genre, se pose comme les seuls « spécialistes » et « experts » aptes à dire la « vérité » sur toute chose et en particulier sur « les droits humains » et leur contraire « l’intégrisme » ou « l’extrémisme ».
Or qui nous rappelle aujourd’hui qu’il serait peut être utile que l’être humain fasse confiance à sa capacité de connaitre la vérité, la réalité des choses, comme par exemple le fait qu’aucun produit matériel n’est fiable à 100 %, même pas les préservatifs ? Ces vieilles lunes de Jean-Paul II et Benoit XVI … D’accord c’est pour nous faire accroire que Jésus, Marie … et pas de bouguivougi avant sa prière du soir … et tutti quanti. Il n’empêche, que cela donne aussi une possibilité de faire entendre aux prétendus universalistes quelques basses réalités concrêtes et physiques, ou stupidement logiques, tels le fait que la grossesse n’est peut-être pas une affaire de pur contrat, tel le fait que lire le coran en y trouvant une théorie bien précise est une possibilité à envisager et non pas un odieux essentialisme, et autres éventualités qui apparaissent parfois bien utiles à des athées purs jus, tenant simplement à défendre certains aspects matériels de l’existence, des plus vulnérables, en particulier. La vie a de ces blagues tout de même …
Ce sont ces mêmes escrocs pseudos universalistes et anti-essentialistes, soit disant seuls laïcistes « nuancés », qui sont les premiers à employer des concepts-amalgames ou mots-valises, et à dénaturer les concepts de base de la démocratie , pour s’approprier l’autorité dans la société et tuer cette démocratie. Ils se servent pour cela de plusieurs procédés dont je vais parler maintenant : la constitutionalisation du droit, la dénaturation du concept d’autodétermination, et le concept d’intégrisme/extrémisme.

Constitutionalisation et resacralisation du droit

La constitutionnalisation est donc l’intégration progressive de plus en plus de lois dans le socle constitutionnel, donc non susceptible d’être soumis au débat démocratique. Le projet de constitution européen en a été un exemple flagrant : tout devenait constitutionnel, toute loi devait être conforme aux objectifs de cette constitution … Mais la constitutionnalisation, l’extention des « droits humains », est un mouvement bien plus large . Il a commencé avec le passage des « droits bourgeois » consistant dans la défense des personnes contre le roi ou l’Etat, aux « droits matériel », passage qui fait que certains confondent « pays des droits de l’homme » avec « pays des droits aux aides ». Aujourd’hui, chacun, en particulier chaque groupe de défense de telle ou telle « communauté », estime que les droits et règles qu’il revendique sont tellement « évidentes », tellement indiscutables, tellement essentielles, qu’il serait monstrueux de seulement songer à les discuter … Or qu’est ce qu’un droit intouchable sinon un droit sacré, sacralisé. Qu’est ce qu’une croyance à une vérité indiscutable, sinon un dogme ?!
La constitutionalisation du droit devrait alarmer les laïcards, car elle n’est rien de moins qu’une resacralisation du droit, rien de moins que la création d’un nouveau dogme, c’est-à-dire une démarche radicalement antidémocratique, qui ouvre un boulevard au remplacement de la démocratie par une théocratie. La démocratie, pouvoir du peuple, une fois remplacée par une dogmatique athée, gérée par le haut conseil des renifleurs d’ « idée qui puent », des inquisiteurs aptes à sonder les reins, les cœurs et les « inconscients racistes » à coup de persécution judiciaires et d’exclusion professionnelles et sociales, et autres experts en détectage « d’intégristes » ou d’ « extrémismes », n’est déjà plus la démocratie mais une oligarchie, déjà une tyrannie. Elle peut en un clin d’œil être remplacée par une théocratie quelconque, qualifiant de droits humains fondamentaux les dogmes de telle loi prétendue divine et dirigée en dernier ressort par un conseil de gardiens du dogme, comme c’est le cas en Iran. La déclaration, que dis-je même, les déclarations islamique des droits de l’homme sont déjà prêtes depuis trente ans.
C’est au nom de cette conception extensive des droits humains fondamentaux, que de plus en plus de mouvements décrits comme communautaristes ou antiracistes ou libertaires, prétendent imposer leur point de vue en faisant l’économie des débats de fond, sous le seul argument d’autorité, au nom de la prétendue « évidence » du caractère de droit humain fondamental des droits qu’ils revendiquent, et en pratiquant le terrorisme intellectuel consistant à décrire comme moralement immonde toute critique de leur revendication. Pardon ! J’ai dit moral, c’est un gros mot réactionnaire …mais en réalité c’est ce que veulent faire comprendre ceux qui remplacent cette expression par le vocable « intégriste » ou « réactionnaire » ou selon le cas, islamophobe raciste, sexiste, homophobe.
On me dira que les revendications au nom de l’extension des droits humains sont contradictoires : quel rapport entre sacralisation du droit à l’avortement et sacralisation du droit à la viande saignante ? Je montrerai à la fin de ce texte que tout n’est pas si contradictoire qu’il y parait.

Droit à l’autodétermination

Il faut savoir que le droit à l’autodétermination fait aujourd’hui l’objet d’une manipulation conceptuelle destinée à le vider de son sens, et même à inverser son sens : conçu comme un droit de peuples à l’indépendance, il est aujourd’hui vidé au point d’empêchant son utilisation pour s’opposer à une colonisation, et même inversé, jusqu’à en faire un droit de coloniser d’autres peuples – en pratique, un droit pour les ex colonisés de coloniser leurs ex- métropoles -.
Le droit des peuples à l’autodétermination est vidé de son sens par des juristes qui prétendent que ce droit doit être ramené à un fonctionnement formellement démocratique, permettant aux citoyens de voter, mais en aucun cas, ne doit autoriser la position dénoncée comme xénophobe et raciste, consistant à poser la question de la définition même du peuple titulaire de ce droit, et donc de l’accès à la citoyenneté et au droit de vote. Le dogme des défenseurs de cette notion est que l’idée même de définir une population par autre chose que sa résidence habituelle est une conception discriminatoire et raciste. En pratique, les défenseurs de cette théorie, font de l’état de fait un état de droit, de l’entrée et de la résidence dans un territoire, y compris contre les lois en vigueur et la volonté de la population initiale, une situation créatrice au terme d’un certain délai, de plus en plus court d’ailleurs, par forme rapidissime d’usucapion, d’un droit acquis et lui, définitif. ( Usucapion ou prescription acquisitive : acquisition de la propriété d’un bien immobilier par règle la personne qui en disposé pendant plusieurs années sans en être propriétaire).
On voit aussi des personnages passant aujourd’hui pour fantaisistes (mais qu’en sera-t-il demain ?), qui prétendent que l’indépendance des colonies a été décidée par les colonisateurs sans l’accord des colonisés, et donc … contre le droit de ces colonisés à l’autodétermination, dans le but de priver ces colonisés de leur légitime droit à la citoyenneté des pays colonisateurs ainsi que des légitimes réparations dues par les colons aux colonisés. Autrement dit, ce sont les conditions d’une colonisation des pays européens par leurs ex colonies qui sont ainsi revendiquées sous prétexte du droit à l’autodétermination.
Le seul droit à l’autodétermination dans le but de préserver de populations définies par leur généalogie et leur culture historique, est celui des tout petits peuples minoritaires. Ceux là ont droit à une convention internationale protégeant leurs terres, leurs normes, leur langue, ou à une législation discriminatoire interdisant l’achat de terre à des compatriotes français non issue de leur « ethnie » ou « race » ou tout autre concept désignant la situation généalogique des uns et des autres.
Préserver de toutes petites populations pouvant faire l’objet d’un fructueux commerce touristique, ne gène en effet pas le profit, peut-être même au contraire. Leur préservation dans des sortes de musées humains, (fusse au mépris de quelque droit des femmes défendus par des féministes qualifiées de je ne sais plus quel terme méprisant), mérite donc le noble terme de défense des droits humains.
Mais envisager que le droit à l’autodétermination puisse inclure le droit de ne pas devenir une minorité sur sa propre terre : inconcevable, inadmissible, … extrémiste. Libre circulation des biens et des personnes, hors de là que de l’intégrisme, hors de là, point de salut. Amen.
Je pense au contraire, que le peuple est une notion « historique » et généalogique. Un peuple c’est un ensemble de familles, historiquement liées dans le cadre d’un certain territoire, avec une certaine histoire culturelle vécu entre eux et par leurs ancestres entre eux. Si le droit des peuples à l’indépendance est important, c’est que l’arrivée massive et brutale d’un autre pouvoir ou d’une autre population dans ce territoire, aboutit généralement à une oppression du peuple devenu dominé ou minoritaire.
Le droit à l’autodétermination n’est pas contradictoire avec l’immigration même massive, il est contradictoire avec l’immigration sans le consentement du peuple d’origine. L’immigration sans le consentement du peuple est contradictoire avec le droit à l’autodétermination, qui est un élément fondamental de la démocratie.
Les Français peuvent avoir envie comme les identaires, de rester entre français historiques, de poursuivre la vie de leur culture dans la ligne des siècles passés, avec des modifications décidées entre français issues essentiellement des familles peuplant la France depuis des siècles. Ou bien les Français peuvent comme Martine Aubry, trouver que voir uniquement des gens issues de ces familles là, c’est « rasoir », et avoir envie de voir des visages venus d’ailleurs, être « diversitaires », pour reprendre le terme de André Dufour.
La démocratie passe en tous les cas, par le fait de demander au peuple actuel, ce qu’il choisit. Lui imposer un choix à coup de matraquage « publicitaire » et de terrorisme intellectuel, et d’un véritable dictature contre la liberté d’opinion en traitant tout « identitaire » d’extrémiste, est inadmissible.

Intégriste, extrémiste : attention mot valise !

Qu’est ce donc qu’un « intégriste » ?
Tenter de discréditer les anti-IVG en imposant le concept d’ « intégrisme » et leur mettant la même étiquette que les tortionnaires du chevalier de la barre et des lapideurs et autres terroristes assassins aveugles d’enfants et autres passants, n’est qu’acte de terrorisme intellectuel, un acte, à mon avis, indigne de vrais démocrates.
Les résolutions des organismes internationaux ou européens visant les « extrémismes » ne sont également rien d’autres que la négation pure et simple de la démocratie, la tentative d’éliminer du débat certaines opinions en les diabolisant, et d’imposer l’arbitraire total d’une oligarchie, s’autoproclamant seule capable de déterminer les opinions dignes d’être exprimées.
Pour être une loi, un texte doit avoir un degré suffisant de précision, c’est le principe de légalité. Utiliser des concepts aussi flous que « intégrisme » ou « extrémisme », c’est détruire le principe de légalité et ouvrir la voie à l’arbitraire le plus total..
En pratique aujourd’hui, pourquoi ces étiquettes sont elles appliquées aux partisans des Etats-nations, des migrations à grande échelle, et aux opposants à l’avortement ? Parce que les acteurs économiques capitalistes ont intérêt à militer contre l’existence de tout Etat pouvant limiter leur capacité de faire des profits, parce que l’avortement est utilisé en fait par les populations blanches dont la réduction permet de maximiser le profit en faisant des blancs des consommateurs non regardant et des apporteurs de capitaux pour leurs hypothétiques retraites, tout en les remplaçant par de la main d’œuvre moins onéreuse et plus docile. D’ où la méga pub pour la « diversité » et la liberté sexuelle, avec méga terrorisme intellectuel contre « les idées qui puent ». Voilà la cohérence des apparentes revendications contradictoires de « droits humains ».
Les peuples, les êtres humains qui veulent le rester, devraient s’inquiéter quand on leur sert un discours disant en gros : « Tout ce qui choque le bourgeois est bon, tout ce qui vous permet de baiser est bon, voilà les repères « évidents » ; pour le reste, fiez vous à ce que les grands intellectuels vous disent, sinon vous risquez de « dériver » dans le « nauséabond ». Autrement dit : « On parle à votre cul parce que votre tête est malade ! »

Nos principes à nous ?

Si l’on demandaient à nos pseudos intellectuels, si surs de leurs évidences, prêts à massacrer toute personne se mettant en travers de leurs revendications et anathèmes, quels sont leurs critères moraux, ils seraient bien en peine de le faire. Leur croyance dans l’idée que la « morale » est une notion « réac », ignominieusement « normative », les empêche de seulement se poser la question. Ne pas se poser de questions, est une signe grave d’idiotie. Le manque d’humour aussi. Et il suffit de voir l’attitude de certains de ces donneurs de leçon, pour juger du degré d’idiotie atteint .. mais trève de persifflage. En réalité leur critère est : « Est bien ce qui choque le bourgeois, ce qui permet de baiser le plus possible avec qui on veut quand on veut ». Passer en revue leurs élucubrations, je doute que ma définition de leur critère puisse être prise en défaut.
J’ai un tout autre critère, le mien est que le bien est ce qui favorise la vie et l’amour entre les personnes, dans le moins de souffrance possible. Je ne vois pas beaucoup d’incompatibilité envers la vision des croyants en un dieu qui aime les humains et la mienne, j’en vois beaucoup plus entre mes critères et ceux de ces idiots là, du fait de leur aveuglement aux réalités matérielles et de leur refus de la réflexion libre. Leur « interdit de juger », leur « interdit d’interdire », permet en pratique la restauration des pires oppressions, des pires barbaries, enfermant sous un mur d’opprobre, d’ « indignation » et des rires gras, les voix des plus vulnérables, les voix du silence.
J’ai écrit dans un texte appelant à l’union, que nos valeurs apparaissant commune, sont la vie et l’amour, ou dans l’ordre inverse … Je dirais aussi, que pour moi, les droits humains qui permettent le mieux la préservation de la vie sont les droits « bourgeois » de 1789, ceux qui impliquent que soit uniquement exclus, les comportements violents, les discours appelant à la violence, et non pas quelque notion « floue » d’intégrisme ou d’extrémisme.
Je suis convaincue que seule la réflexion, l’interrogation constante permettent de préserver les « droits humains », pour la simple raison, qu’elles sont la manifestation même de l’humanité de l’être humain, tout en étant pour ceux qui croient, également une manifestation de son aspect d’ « image de dieu ».
Voilà pourquoi, l’ouverture de Riposte laique au débat sur l’identité et sur d’autres débats de société comme l’avortement et l’euthanasie, est profondément cohérent avec la défense de la démocratie et de la laïcité.
Elisseievna

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