Le féminisme combat l'oppression des femmes faite au nom des "traditions culturelles" ou des religions.
Du moins le "vrai féminisme" le fait.
Elisabeth Badinter dénonce ici les concessions faites à l'oppression des femmes au nom du "multiculturalisme". Elle explique comment elle même fut taxée, pour avoir dénoncé la polygamie ... d'intolérance !
Elisabeth Badinter dénonce également le voile et demande à ce que "pas une once de charia" ne s'applique en France.
On est loin des "féministes" qui développent des théories alambiquées sur la "liberté" de porter le voile, ou le voile comme simple effet "de mode" contre lequel on ne pourrait rien ... Des "féministes" qui sont plutôt dans la haine de "l'homme occidental" que dans la défense de l'émancipation des femmes et des libertés de toutes et tous ...
Par contre, là où Elisabeth Badinter "fait fausse route" (titre de l'ouvrage où elle développe ces idées), c'est lorsqu'elle qualifie de liberté de choisir, le fait d'être prostituée ou mère porteuse, alors que ces situations ne sont quasiment toujours que l'effet d'oppressions économiques.
En vérité les arguments donnés par les voilées comme par certaines prostituées pour défendre leur "droit" de porter le voile pour les unes, de voir reconnaitre leur activité comme un métier pour les autres, sont EXACTEMENT les mêmes, et les raisons de ne pas leur reconnaître ces droits sont proches.
Dans les deux cas, elles disent : 1- qu'il s'agit d'un libre choix 2- qu'elles sont adultes et majeures 3- que leur corps leur appartient.
Dans les deux cas, on doit leur objecter : 1- qu'elles occultent les pressions faites sur celles d'entre elles qui ne sont pas consentantes, et la violence que représentent ces comportements pour les non consentantes 2 - que si leur revendications étaient satisfaites, les autres ou d'autres femmes n'auraient plus du tout le choix de se soustraire soit au voile soit à la prostitution 3 - qu'elles ont des devoirs envers ces autres femmes ....
We are "not for sale".
De même les féministes doivent être attentives aux ambivalences des discours pro-avortement et contraception médicale :
l'intérêt des femmes, est de pouvoir avoir les relations sexuelles et les enfants qu'elles désirent, sans pour autant perdre leur autonomie financière qui est une protection contre la violence masculine ..., et ne pas être soumises à la prise de médicaments à vie ni à des avortements de détresse ....
l'intérêt des hommes insouciants, l'intérêt d'un certain capitalisme aveugle, est de rendre les relations sexuelles non engageantes pour les hommes, de réduire le nombre des enfants des femmes des pays développés, de faire consommer des pilules à vie, de mettre les femmes au travail pour peser sur les salaires des hommes des pays developpés ... et peu importe que des femmes soient acculées à l'avortement par détresse.
Il faut avoir conscience des oppositions d'intérêts, et ne pas croire naïvement que ceux qui tiennent un discours du toujours plus dans ce domaine sont forcément du côté des femmes.
Ce qui est dans l'intérêt des femmes dans le domaine de l'enfantement ou de la contraception, c'est l'accès à l'information pour les jeunes, (y compris la critique de la pornographie), l'accès aux moyens de contraception et de prévention des MST, si besoin, l'accès à l'avortement dans les délais les plus courts, et aussi l'accès aux possibilités d'aide à la procréation pour les femmes seules ou lesbiennes qui veulent des enfants sans avoir trouvé le père idéal, et bien sûr, la responsabilisation des hommes ...
On relance aujourd'hui le débat, ou plutôt selon certains, l'"évidence" du "droit au recours à la gestation pour autrui", ce qui est un des combles de l'exploitation de la femme par l'homme, mais par contre, on n'entend rien sur l'accès des femmes seules ou lesbiennes aux dons de gamètes en France : "faire un enfant toute seule", donner la vie sans exploiter personne, ce serait encore un "droit" futuriste en France, alors que "faire un enfant en utilisant le ventre d'une esclave", ce serait une évidence et une urgence ... étonnant non ?