Respecter les non-croyants et les laïques
Par
Évariste Mercredi 23 août 2006
article publié dans la lettre
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En vacances, lors de marches en montagne, nombre de promeneurs sont confrontés à la présence, sur les sommets, de gigantesques croix chrétiennes. Je connais quelques amis qui ne supportent pas cela, et qui font parfois le nécessaire pour ne plus avoir à le supporter..
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En vacances, quand on a marché longuement dans nos superbes montagnes, on peut espérer, le soir, bénéficier d'un repos mérité et paisible dans un sympathique gîte d'étape. Pourtant, dans les Vosges, cela a été un peu plus compliqué, le 11 août dernier. Le propriétaire du gîte a été confronté à la présence de deux femmes voilées, qui avaient réservé sur Internet cinq places. L'homme a demandé aux femmes de retirer leur voile dans les lieux publics (télévision, déjeuner), en leur précisant que, dans leur chambre, elles faisaient ce qu'elles voulaient, mais qu'elles devaient respecter la neutralité d'un lieu public. Refus des deux femmes, qui ont quitté immédiatement les lieux, et ont porté plainte dès le lendemain à la gendarmerie, soutenues bien sûr par le Mrap, qui s'est constitué partie civile, voyant là une discrimination raciale. Le propriétaire, qui affirme bien entendu qu'il n'y a là aucun racisme, mais simplement le respect de la laïcité, risque, si la thèse du Mrap était retenue, deux ans de prison et 30.000 euros d'amende.
Cette affaire, naturellement, en inclut beaucoup d'autres. D'abord, le voile est-il seulement une question religieuse ? Je fais partie (mais le débat est ouvert) de ceux qui pensent qu'en le situant sur la seule question religieuse, on passe à côté de l'essentiel. Pour moi, le voile est le symbole de l'oppression des femmes, et le signe visible de l'inégalité hommes-femmes. Il est, d'autre part, l'uniforme de l'intégrisme islamique, et son nombre grandissant montre l'ampleur de l'offensive de cette mouvance.
Je suis agressé chaque fois que je vois un voile, et je ne supporterai pas, à la fin d'une balade de montagne, de devoir manger dans une salle commune en face d'une personne qui m'impose sa vision réactionnaire de la société par sa tenue.
Je me rappelle, jeune étudiant, dans les années 1975, avoir été confronté dans un train à des voyageurs qui portaient tous les matins des badges et des maillots : " Avorter, c'est tuer ". J'avais vis-à-vis d'eux la même réaction de violence, je ne supportais pas le modèle de société qu'incarnait leur tenue et leur message.
Aujourd'hui, quand je croise une voilée, j'essaie de m'en sortir par l'humour. J'avoue que des pensées impures me traversent l'esprit, car je vois tout de même la bouche de la bougresse. Je me suis toujours dit qu'un jour, il fallait que je me paye cette audace : lui demander de cacher sa bouche, pour protéger mon imagination débordante de pensées concupiscentes impures dont ses lèvres visibles sont seules responsables.
Je ne peux pas dire cela aux nouvelles Belphégor, voilées de la tête aux pieds, gantées, dont on ne voit pas un centimètre carré de la peau, sinon une minuscule fente de deux millimètres à hauteur des yeux. Comment faire de l'humour et de la dérision devant un tel spectacle ? Lui demander si elle porte un string en dessous ?
A part cela, comment de telles tenues, qui avaient ému les Français quand des images venues d'Afghanistan avaient révélé la mode vestimentaire des femmes conçue par les Talibans, peuvent-elle s'installer de plus en plus en France, sans guère susciter de protestations ?
De même, ma fille va rentrer à l'université cette année. Elle était protégée, l'an passé, au lycée, de toute présence de signes religieux ou discriminatoire. Cette année, elle peut être confrontée à des élèves voilées. C'est consternant que cela soit possible.
Je n'ai aucune formation de juriste, et ne suis donc pas un spécialiste du droit, de ce qu'il est possible de faire, et des précautions à prendre. Je sais aussi que le droit évolue en fonction du rapport de forces. Mais enfin, les Turcs réussissent à interdire le voile à l'université, la Cour européenne des droits de l'Homme leur donne raison, et nous, en France, on n'arrive pas à régler ces problèmes là ?
Je sais que ces questions suscitent des débats importants chez les laïques, et que certains d'entre eux craignent, par excès de rigueur législative, une conception de la société qui soit liberticide, et contraire aux principes laïques. Ces inquiétudes les honorent, car en aucun cas la laïcité ne doit se confondre avec la volonté d'éradiquer les religions, quelles qu'elles soient.
La laïcité, c'est la liberté de croire ou de ne pas croire. Elle doit aussi préserver le droit des non-croyants, ou des croyants laïques qui ne veulent pas voir la foi s'afficher dans l'espace public.
Nul doute que d'autres situations que celle de notre ami d'Antibes, où que celle du gîte des Vosges, verront le jour prochainement. Il faudra bien alors affiner certaines lois, définir des règles qui permettent à chacun de vivre ensemble, et mettre des limites à certains comportements et à certaines tenues vestimentaires qui, selon moi, ne peuvent avoir leur place partout.
Ce débat, comme bien d'autres, doit être mené sereinement.
Vous pouvez faire confiance à Respublica, qui a montré ces dernières semaines sa capacité à aborder, sans se laisser intimider, des sujets aussi peu consensuels que " prostitution et proxénétisme ", " Sans-papiers et République ", " Peut-on manifester pour la paix avec le Hezbollah ", pour mener celui-ci, et bien d'autres, tout-au-long d'une année électorale où la pêche aux voix peut être porteuse de toutes les dérives démagogiques et anti-laïques.
par
Évariste Combat laïque
Les suites de " l'affaire du gite des Vosges "
Par Bruno Ledoux Vendredi 1 septembre 2006
article publié dans la lettre
466Dans Respublica numéro 464, Evariste évoquait ce qui s'était passé le 11 août dernier, dans un gite situé à Villerupt, dans les Vosges.
Ayant loué par internet, une femme de 27 ans, Houria, vivant en région parisienne, s'était présentée avec un voile sur la tête, ainsi que sa mère.
La propriétaire, Fanny Truchelut, lui avait fait savoir qu'elle pouvait mettre son voile dans sa chambre, mais que dans les lieux communs (salle télévision et lieu de restauration), elle devrait le retirer, par respect pour les autres personnes présentes
Devant le refus d'Houria, les propriétaires lui ont remboursé ses arrhes, et la jeune femme a quitté le gite avec sa mère et trois autres personnes.
Affaire classée ? C'était sans compter sur la presse locale, et surtout la section locale du Mrap.
Tandis que l'Est Républicain, sans vergogne, titrait " Discrimination raciale dans un gite ", les émules locaux de Mouloud Aounit, par la voix de Claude Gavoille, déposaient plainte contre le couple Truchelut, pour discrimination raciale.
La présidente du Mrap des Vosges, dans " Le Parisien " du 19 août, tiendra des propos qui devraient la discréditer à tout jamais : " D'une manière générale, les actes de racisme se multiplient. Nous avions eu à l'automne du vandalisme au cimetière de Remiremont (...) Une réaction comme celle des propriétaires de Villerupt s'inscrit dans ce contexte ".
Le Mrap égal à lui-même ! Tout se vaut, il ose mettre le même sac un acte raciste et antisémite commis dans un cimetière, et le simple rappel du respect de la laïcité dans un lieu public. Ceux qui ont défilé avec le Hezbollah tout l'été, ceux qui portent plainte contre un dessin de Charlie Hebdo, ceux qui ont manifesté contre le racisme avec l'UOIF le 7 novembre 2004, sont encore aux côtés des islamistes contre l'égalité hommes-femmes et la laïcité.
Fort logiquement, certains site islamistes relaient insultes et menaces contre les propriétaires du gite.
Après avoir lutté ensemble pour s'opposer à une loi contre les signes religieux à l'école, après avoir demandé ensemble des limites à la liberté d'expression quant il s'agit de critiquer une religion, Mrap et islamistes s'orientent de concert, avec leurs juristes, vers l'obligation d'accepter le voile, symbole de l'oppression des femmes, dans tous les lieux ouverts au public.
par Bruno Ledoux