Non aux mères porteuses : lire Agacinsky et Raymonds
La philosophe Sylviane Agacinsky fait plutot partie de la tendance "differentialiste" lorsqu'elle traite de sujets féministes, ce qui n'est pas vraiment ma tendance. Mais à propos des mères porteuses, je trouve tout ce qu'elle dit absolument juste.
Sur l'exploitation du corps des femmes liée à la reproduction : lire Janice Raymonds.
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2370862&rubId=786
15/04/2009 15:16
Sylviane Agacinski : «La gestation pour autrui est un commerce dégradant»
Le dernier livre de la philosophe Sylviane Agacinski, paru le 15 avril (1), est un vibrant réquisitoire contre la gestation pour autrui
ENTRETIEN
Sylviane Agacinski, philosophe
La Croix : Dans votre dernier livre, vous dénoncez la fiction selon laquelle la gestation pour autrui (GPA) serait un acte généreux et désintéressé. Pourquoi, selon vous, les dérives mercantiles sont-elles inévitables ?
Sylviane Agacinski : La marchandisation n’est pas une dérive : elle est au cœur de cette pratique. Les mères porteuses sont des femmes sans emploi, dont la motivation principale est un intérêt financier. Voyez les annonces qui fleurissent sur le Net : sous couvert d’« indemnités » ou de « dédommagement », il s’agit toujours de salarier une femme pour lui faire porter et mettre au monde un enfant à la place d’une autre femme. La gestation pour autrui est ainsi un commerce dégradant. Certaines femmes cherchent, en plus, une gratification, une reconnaissance pour leur sacrifice, mais elles s’exposent à de terribles déconvenues.
La gestation pour autrui, écrivez-vous, ne peut être assimilée aux autres techniques d’assistance à la procréation. Où passe la ligne de fracture ?
La fracture, c’est l’utilisation d’autrui. La fécondation in vitro dite « intraconjugale », par exemple, est une technique d’assistance qui n’engage personne d’autre que les deux membres du couple. Le recours à un don de gamètes est différent, puisqu’il engage autrui, surtout le don d’ovocytes, qui exige une extraction. Avec la GPA, on franchit un autre palier.
La « mère de substitution », comme disent les Américains, sert d’outil vivant. Elle ne vit plus pour elle-même, mais au service d’autrui pendant neuf mois, jour et nuit. La « gestatrice » doit aussi accoucher, avec tous les risques que cela comporte. On entre ici dans une logique de fabrication de l’enfant avec des matériaux biologiques, et l’enfant devient lui-même une marchandise.
C’est pourquoi vous estimez que cette pratique est contraire à la dignité humaine ?
Oui, et il s’agit d’un aspect souvent occulté dans le débat actuel. La dignité désigne la valeur absolue reconnue à tout être humain et à chacun d’entre nous en particulier. Elle implique le respect de l’intégrité physique et morale de la personne. C’est ainsi que, dans notre droit, on ne peut porter atteinte au corps de quelqu’un qu’en cas de nécessité thérapeutique absolue pour lui ou pour autrui : couper une jambe gangrenée, selon l’exemple de Kant, ou donner un rein pour sauver une vie.
Mais la gestation pour autrui ne répond pas à une urgence vitale. Elle porte atteinte à l’intégrité physique de la mère, en engageant profondément sa vie organique et psychique sans nécessité thérapeutique. Elle touche aussi à la dignité de l’enfant, sur la tête de qui un contrat a été passé. Car c’est bien l’enfant qui, in fine, fait l’objet de la transaction.
Que répondez-vous à ceux qui mettent en avant le « désir d’enfant » ?
D’abord, on peut souffrir de ne pas avoir d’enfant, c’est certain, mais il n’y a pas de droit à l’enfant. Ensuite, qu’appelle-t-on désir ? Habituellement, on désire avoir un enfant avec quelqu’un. L’enfant est le don que deux personnes se font l’une à l’autre. Il fait l’objet d’une attente, d’une espérance. L’emploi de femmes comme « gestatrices » et le « baby business » dans certains pays répondent plutôt à une demande d’enfant. Il s’agit d’acquérir un bébé à tout prix.
Finalement, que représente à vos yeux la gestation pour autrui ?
Il s’agit d’une aliénation physique et morale, qui traite la personne en son entier comme un instrument. La vie d’une femme ne peut constituer un traitement de la stérilité. La logique marchande qui préside à la GPA, partout où elle existe, efface les lignes entre les personnes et les choses. Mais un enfant peut-il être échangeable ? Dans la maternité de substitution, il le devient. C’est ainsi que, récemment, une mère porteuse belge a proposé son bébé au plus offrant sur Internet.
Recueilli par Marianne GOMEZ
(1) Corps en miettes, Flammarion, 138 p., 12 €.
Post Scriptum :
Les plaisirs de la maternité :
http://bebe-et-nous.fr/la-naissance/40-les-suites-de-laccouchement/71-la-sante-de-la-mere-post-accouchement.html?showall=1
Les lochies ou tranchéesIl s'agit de pertes de sang consécutives à l'accouchement.
La fatigue Elle est tout à fait normale: après une grossesse qui a déjà tendance à fatiguer le corps (d'autant que souvent, la femme enceinte dort très mal pendant les derniers jours), l'accouchement est une épreuve supplémentaire à franchir...
La cicatrice d'épisiotomie L'épisiotomie est en soi indolore, mais le temps de la cicatrisation, la mère peut ressentir des tensions douloureuses au niveau des fils jusqu'à ce qu'ils se résorbent. .. En cas de réelle douleur, s'asseoir sur une bouée ou sur un traversin placé en rond pour éviter que la cicatrice soit en contact avec le lit ou la chaise.
Les pertes urinaires
Les hémorroïdes