Féminisme et christianisme : espoirs partagés ?
La première féministe française était catholique fervente ... Christine de Pisan
Brève lettre à une catholique
La différence entre vos idées et les miennes, et je ne suis
pas la seule féministe à avoir cette vision en fait, est moins dans les
principes que dans la considération des problèmes d’application qui se
posent :
Les principes chrétiens, pour moi, n’ont pas suffit, les
propos tenus au nom du christianisme par des fidèles et des prêtres ou même des
papes sur des questions d’application des principes évangéliques, sont en fait
allés contre ces principes.
Pourquoi sont ils allés contre ces principes ? Parce qu’ils
sont influencés dans leur vision concrètes de certaines questions par des
principes « paiens », antiques.
De l’autre côté, du côté féministe, nos idées qui sont
fondamentalement « personnaliste », une demande de reconnaissance des
femmes comme des « personnes » autant que les hommes, sont influencés
par des idées venues du « marché », de monde illlusoire du
« tout est possible ».
L’influence antique sur les discours chrétiens est vraie
pour les femmes mais aussi pour les esclaves jadis et les ouvriers.
Je pense que le christianisme a pour principe, comme
méthode, la subversion interne des institutions par l’amour et non par la lutte
matérielle : on ne va pas faire de
révolution (sanglante) contre l’esclavage mais St Paul demande au maître et à
l’esclave une conduite qui … de fait vide l’institution de l’esclavage de son
caractère esclavagiste. Subversion interne, par le travail sur le cœur de
chacun.
Malheureusement, dans les faits, des propos incitant les
ouvriers à une résignation et à une souffrance, tenus par des prêtres,
aboutissaient au contraire à vider … la subversion chrétienne de toute
vitalité, se faisant ainsi complice de l’oppression.
Autre exemple brièvement résumé.
Marie Laure Rassat, professeur de droit éminent, catholique
adhérent publiquement à une association de juristes catholique, donc véhiculant
cette image dans le public, affirme dans son ouvrage de droit pénal spécial
qu’elle estime qu’il n’y a pas de viol conjugal.
Ceci est totalement à l’opposé de l’enseignement de Jean
paul II sur le regard porté sur « sa » femme comme objet, dont il dit
que Jesus le considère comme adultère, dès lors qu’il voit en sa femme un objet
sexuel.
Mais que retient le public, qu’est ce qui est pratiqué
depuis des siècles ? La vision de
Marie Laure Rassat ou celle plus subtile de JeanPaul II ?
Voilà pourquoi au bout du compte, au bout du « système
patriarcal » formé par les lois qui résultent de ces idées concrètes, des
femmes ne voient plus d’autre solution que l’avortement : c’est cette
situation que les féministes dénoncent. Sans distinguer entre principes et
applications, parce que ce sont les faits qui importent d’urgence.
Mais en réalité, les principes sont assez semblables,
fondamentalement semblables je trouve.
Ainsi, de leur côté des féministes dénoncent, depuis les
années 70, la fausse libération sexuelle, le poison de la pilule, l’horreur des
avortements, conséquences de la propagande pour une forme de sexualité
masculine ayant tous les droits sur le corps des femmes, et devant
« s’épanouir » quelles que soient les conséquences pour la santé des
femmes et les enfants … pas chaste pour le dire en termes catholiques.
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