Procès de Metz : une décision historique en faveur des personnes prostituées
Clichy, le 19 novembre 2018
Procès de Metz : une
décision historique en faveur des personnes prostituées montre que l’abolition
est possible !
A la cour d’assises de Moselle, deux "clients" de
personnes prostituées ont été condamnés pour viols et violences à 12 et 18 ans
de prison. A ces peines lourdes, le jury a donné les motivations
suivantes : les deux mis en cause « ont commis des viols, qualifiés
de crimes, sur plusieurs prostituées sur une durée de 2 ans. Ces faits sont
constitutifs d’une démarche d’abus de personnes vulnérables, du recours à des
personnes se livrant à la prostitution comme on utilise un objet dans le seul
but de satisfaire un désir égoïste »
Pour Lorraine Questiaux, avocate du Mouvement du Nid, “Ce verdict
d’assises et sa motivation démontrent le changement dans les mentalités.Un jury
citoyen tiré au sort a été capable, à l issue de 3 jours d un procès qui a mis
en lumière ce que la prostitution est vraiment, d’en tirer toutes les
conséquences et de définir le recours à la prostitution comme un acte imposé
par la violence et la contrainte sur des personnes vulnérables. Ils ont “saisi”
l’ intention du client de nier l’humanité et le désir des personnes
prostituées. 2 ans seulement après le vote de la loi, une telle décision est la
preuve que l’abolition est possible !”
Les victimes, dont l’une était accompagnée par le Mouvement du
Nid, ont obtenu 25 000 euros de dommages et intérêts, alors que rarement les
dédommagements dépassent les 10 000 euros. Les faits reprochés aux 2
hommes se sont déroulés en France et au Luxembourg entre 2013 et 2015 et
étaient caractérisés par une extrême brutalité. Viols, sans préservatifs, coups,
tortures ont été perpétrés sur des jeunes femmes très vulnérables,
toxicomanes.L’une des 6 victimes identifiées a ainsi expliqué pendant l’enquête
que ces violences avaient eu pour conséquence la nécessaire ablation de ses
organes reproducteurs.
Pour Christine Blec, présidente du Mouvement du Nid,« cette
affaire est emblématique de ce que nous mettons en lumière depuis 80 ans. Dans
la prostitution, les personnes prostituées sont en position de vulnérabilité
face à des hommes qui s’octroient non seulement le droit de les acheter, mais
celui de les « punir » par des violences supplémentaires, s’ils ne
s’estiment pas satisfaits de la situation. Dans la prostitution, l’argent est
un prétexte à l’impunité des violences et du viol(1) ».
"Ce n’est certainement pas en exonérant les
"clients" de toute responsabilité comme le réclament aujourd’hui ceux
qui ont déposé une question prioritaire de constitutionnalité pour faire
abroger leur pénalisation, que les personnes prostituées seront mieux
protégées » mais
bien en poursuivant le changement de société que l’on commence à observer, et
avec la décision historique prise lors de ce procès », ajoute Grégoire
Théry, porte-parole ».
(1) voir à ce propos l’article paru dans notre revue Prostitution
et Société : http://www.prostitutionetsociete.fr/eclairage/point-de-vue/article/le-paiement-pretexte-a-l-impunite-du-viol-et-du-feminicide-prostitutionnels
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