Burkini : réponse du collectif « Les vraies féministes en colère »
Burkini : réponse du collectif « Les vraies féministes en colère »
En lisant la tribune collective parue dans l’Humanité le 9 septembre « Pour l’émancipation des femmes : polémique sur le burkini », nous avons envie de hurler "nul", nul de chez nul ...
Nul nul et archinul de ne pas prendre en compte le sens du voile qui est la volonté - pas forcément de la femme qui le porte directement - d'instaurer le seul droit actuel qui nie, dans son principe, l'égalité en droit des femmes : la loi du coran.
Oui certes, des femmes font encore les frais de batailles menées par des antiféministes.
Mais la négation perpétuelle du problème de l'islam-loi : qui osera nous dire qu'elle ne se fait pas elle aussi :
-sur le dos des femmes,
-et pour le profit de personnes qui ne souffrent pas directement, ou espèrent ne pas souffrir directement, de cette loi ?
Cette négation, elle, se fait sur le dos de toutes celles, et ceux, qui s'insurgent, qui résistent, elle les nie, elle les insulte...
Nul et écoeurant ...
Dans le Coran sourate 4 verset 34 : [ Dieu a dit ] « Les hommes s’élèvent au dessus des femmes par ce que Dieu a favorisé certains par rapport à d’autres, et ce qu’ils ont dépensé de leur fortunes. Les femmes vertueuses sont dévouées (qanitat), et gardent le secret que Dieu a gardé [ pour elles].Celles dont vous craignez la dissension (nushuz) , exhortez les (‘idhuhun), abandonnez les (uhjuruhun) dans les couches, et frappez-les ( udribuhun). Si elles vous obéissent, ne recherchez plus de voie contre elles. Dieu est élevé, grand. »
A celles et ceux qui répondraient que « tout dépend de l’interprétation », nous recommandons la lecture du livre du Professeur de droit islamique Sami A. Aldeeb Abu – Shalieh « Frappez les femmes. Interprétation du verset coranique 92/4 :34 à travers les siècles » qui vient d’être publié.
Marèges, gouine blanche
H. Bidaut, féministe, résistante antipatriarcat
Cadi, Anarcho-Feministe
Elisseievna, féministe universaliste
Les VRAIES féministes en colère.
paru dans l'Humanité du 16 septembre 2016.
Réponse à cette tribune :
Pour l’émancipation des femmes
Polémique sur le burkini
VENDREDI, 9 SEPTEMBRE, 2016
L'HUMANITÉ
Collectif Signataires : Fatima Benomar, porte-parole de
l’associationles Effronté-e-s, Hélène Bidard, adjointe à la mairie de
Paris à l’égalité femmes-hommes, Marjolaine
Christien-Charrière, militante féministe à Ensemble !, Laurence
Cohen, sénatrice, responsable nationale du PCF pour les droits des femmes
et le féminisme, Karine Plassard, militante féministe du collectif de
soutien à Jacqueline Sauvage, Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif
national pour les droits des femmes.
Le débat autour du burkini qui a agité la
France cet été est loin d’être anodin, même s’il relève globalement d’une
surenchère politique, sécuritaire et raciste tendant à faire oublier les autres
questions sociales. Il est symptomatique d’un climat délétère où l’extrême
droite comme la mouvance de l’islam radical ont pu avancer leurs pions, chacune
au service de sa propagande pour des projets tout aussi dangereux les uns que
les autres pour la libération des femmes. Hélas, l’invalidation par le Conseil
d’État des arrêtés anti-burkini, dont nous nous réjouissons, profite à la
stratégie de communication de nos adversaires. Les uns, conservateurs
religieux, crieront victoire, banalisant et dépolitisant ce vêtement sexiste et
opprimant, les autres, dans le camp de l’extrême droite ou de la droite
décomplexée, gémiront à l’islamisation de la France. Tous continueront
d’instrumentaliser la liberté des femmes dans un souci de conquête du pouvoir.
Parce que nous sommes féministes, nous savons
l’apport des luttes féministes à notre émancipation, nous combattons sans
ambiguïté les dogmes puritains et politico-religieux dont les femmes ont
toujours fait les frais. Le contexte de crise économique et politique permet
aux différentes Églises de croire que leur heure est venue et qu’elles peuvent
enfin mettre à mal la laïcité qui a mis en échec leurs velléités politiques.
Nous dénonçons toutes les mouvances réactionnaires comme Civitas, qui vient de
créer un parti politique, SOS tout-petits, les Survivants, qui dénient aux
femmes le droit à disposer de leur corps, la Manif pour tous, les Veilleurs,
l’observatoire de la théorie du genre, qui infiltre nos écoles, déstabilise le
corps enseignant et les parents d’élèves, ou les tenants d’un islam politique
qui négocient l’autorisation du voile à l’école ou des piscines non mixtes, en
se victimisant ensuite pour mieux embrigader celles et ceux qui n’en peuvent
plus de la xénophobie, des discriminations et des relégations. Nous dénonçons
aussi les odieuses humiliations publiques que subissent les femmes, victimes et
non prescriptrices des usages patriarcaux. Nous ne pouvons supporter de les
voir subir une répression policière dictée par un climat sexiste et raciste.
Pourquoi ? Parce que nous défendons les droits
des femmes et nous conscientisons l’oppression qui nous est faite. Pour
beaucoup d’entre nous, les représentants de cet État invisible qu’est le
patriarcat sont sous nos toits, incarnant l’autorité et la domination. Nos
corps sont alors réduits à être des butins souvent au service de la
reproduction, du plaisir sexuel unilatéral des hommes et de l’exploitation
domestique. Toutes les stratégies machistes sont bonnes pour convaincre les
femmes que leur corps ne leur appartient pas. Comment en vouloir aux femmes
d’élaborer des stratégies de survie, de se couvrir, de faire un détour pour
rentrer chez elles, de céder à des normes injustes et contraignantes pour
éviter le pire ? Et comment accepter de devoir composer avec de telles règles
du jeu ?
L’émancipation des femmes est une rude tâche
qui ne s’improvise pas. À l’école, nous déplorons la suppression des ABCD de
l’égalité qui auraient pu inculquer à nos enfants des valeurs fortes
d’antisexisme. Nous en sommes au 73e féminicide depuis le début de l’année
commis par le compagnon ou l’ex-compagnon. Une femme est violée toutes les
3 minutes, seulement 10 % portent plainte, et seuls 2 % des violeurs sont
condamnés ! Qui s’en soucie ?
Pour faire reculer les intégrismes et l’extrême
droite, pour faire avancer les droits des femmes, il est indispensable de
briser les stéréotypes dès le plus jeune âge, de permettre un accès réel et
libre aux droits sexuels et reproductifs, de faire de la lutte contre les
violences faites aux femmes une priorité politique dotée de moyens nécessaires
et conséquents, d’interroger la manière dont est rendu le droit en matière de
féminicides. Une volonté politique réelle qui ne se contente pas de promesses,
qui ne se sert pas des droits des femmes pour une cause réactionnaire ou pour
monter dans les sondages, qui place le féminisme en valeur cardinale.
Prendre le parti des femmes, ce n’est pas les
renvoyer dos à dos avec leurs oppresseurs en les accusant d’endosser le drapeau
du patriarcat et d’en être complices. Prendre le parti des femmes, ce n’est pas
leur faire violence, les réprimer quand elles sont trop ou pas assez habillées,
parce qu’elles sont encore les jouets du fétichisme sexuel des hommes selon les
enjeux qui leur importent, politiques, religieux, économiques ou sexuels.
Prendre le parti des femmes, c’est les défendre quand elles sont violentées,
humiliées, menacées, c’est garantir les valeurs d’une laïcité non dévoyée, de
réclamer de véritables moyens, éducatifs, économiques, de solidarité, afin de
gagner l’émancipation de toutes.
Et ce n’est en aucun cas avec des arrêtés ou
sous les coups de sifflet d’hommes en uniforme que nous y parviendrons !
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